"On va montrer que la République est chez elle" : ce qu'il faut retenir des annonces de Gérald Darmanin en visite à Marseille

Soutien aux magistrats, lutte contre le blanchiment d'argent et la corruption, isolement pénitentiaire des narcotrafiquants... En visite à Marseille, Gérald Darmanin veut "mettre les moyens" contre le trafic de stupéfiants et entend imprimer sa marque comme nouveau ministre de la Justice.

Il avait arpenté Marseille en tant que ministre de l'Intérieur, mais c'est cette fois en sa nouvelle qualité de garde des Sceaux que Gérald Darmanin s'est déplacé dans la cité phocéenne ce jeudi 2 janvier. Une visite qui s'inscrit dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants, dont il a fait l'une de ses priorités. Arrivé dès 8 heures au tribunal judiciaire, le ministre s'est entretenu durant quatre heures avec les représentants du Parquet, le procureur Nicolas Bessone et des professionnels de la justice. À sa sortie, dans sa déclaration à la presse, il a affiché de "la fermeté", promettant de tenir les engagements de ses prédécesseurs tout en "ajoutant sa pâte", à travers certaines mesures.

Soutien aux magistrats

Nommé depuis une semaine, le nouveau garde des Sceaux, a tenu à apporter son "soutien très fort aux magistrats, greffiers et agents pénitentiaires", dans leur lutte contre la criminalité organisée, rappelant que certains magistrats sont victimes de menaces et placés sous protection judiciaire. Un soutien en termes de moyens, a promis Gérald Darmanin : "en France, le problème majeur est celui des moyens alloués à la justice, seulement 2% du budget de l'État". Selon l'ex-ministre de l'Intérieur, 200 procès d'assises sont actuellement en attente dans les Bouches-du-Rhône, ce qui dessert "la crédibilité de la justice et le système institutionnel". Il garantit une simplification des procédures pénales et des relations entre les acteurs de la justice.

Lutte contre le blanchiment

Autre credo du ministre de la Justice : il faut "donner davantage de moyens aux magistrats spécialisés en matière économique et financière" pour lutter contre le blanchiment d'argent et "taper au portefeuille des narcotrafiquants", dont l'argent, les voitures et les biens immobiliers sont localisés à l'étranger. " 41 millions d'euros ont été confisqués cette année dans les Bouches-du-Rhône" se félicite Gérald Darmanin qui voit là un moyen de "faire mal au narco-bandits". Le garde des Sceaux entend garder par ailleurs "un œil sur les atteintes aux personnes dépositaires de l'autorité publique" qui effectuent "courageusement leur travail et sont victimes de menaces", promettant des condamnations plus lourdes envers "ceux qui menacent et corrompent les agents de l'État" au travers d'une circulaire éditée "d'ici à quelques jours".

Mise à l'isolement des narcotrafiquants 

Deux mois après la présentation du "plan de lutte contre le narcotrafic" à Marseille par son prédécesseur Didier Migaud, le nouveau garde des Sceaux affiche sa volonté de fermeté face aux narcotrafiquants, responsables d'une vingtaine d'homicides en 2024 dans la deuxième ville de France. Gérald Darmanin veut mettre à l'isolement "les 100 plus grands narcotrafiquants", déjà détenus et qui continuent de gérer leurs affaires et commanditer des règlements de compte depuis leur cellule.

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"Quand la criminalité organisée a assez de moyens pour avoir des réseaux téléphoniques parallèles", le ministre entend développer des outils technologiques pour accentuer le brouillage, à moindre coût et "multiplier les opérations de nettoyage des cellules". Le garde des Sceaux affirme vouloir être compris et entendu : "personne ne comprend pourquoi ces détenus à l'isolement peuvent communiquer avec l'extérieur, commanditer des assassinats et corrompre des fonctionnaires", assurant envoyer un signal fort aux magistrats et aux agents pénitentiaires. 

"L'appartement témoin"

Le ministre de la Justice entend faire une "démonstration par l’exemple" en "commençant par les 100 premiers narcotrafiquants", une "technique" de "l'appartement témoin", qu'il revendique et affirme avoir éprouvé en tant que maire sur sa commune de Tourcoing. Cette opération pilote, baptisée "opération starter" par Gérald Darmanin, qui s'avère, selon lui, stratégique lorsqu'on est confronté à "peu de temps, peu de moyens et une urgence politique", serait ensuite étendue aux 17000 détenus pour trafic de stupéfiants en France.

Enfin, Gérald Darmanin, qui se dit dans la "même barque" que son homologue de l'Intérieur Bruno Retailleau, souhaite "mettre l'action policière et judiciaire en bas de la rue" pour montrer aux narcotrafiquants que "la République est chez elle".