Le parquet a dénoncé jeudi 14 novembre à Marseille "un système mafieux" dans un racket de boîtes de nuit aixoises conduit de 2008 à 2012, et requis des peines de 18 mois à 8 ans de prison pour les 12 prévenus soupçonnés de l'avoir organisé.
"On est dans un système mafieux, dans un système de contrôle territorial et de hiérarchisation avec un sentiment d'appartenance" à "un clan" et "la capacité de faire peur", a déclaré au nom du ministère public Damien Martinelli, devant le tribunal correctionnel.
Il a demandé au tribunal de "montrer que l'on n'est pas prêt à laisser cette forme de gangrène sociale se développer", comparant ce racket au trafic de stupéfiants dans les quartiers Nord de Marseille, avec "ces cadavres qui jonchent la guerre de succession".
Extorsion de fonds en bande organisée
Parmi les 12 hommes comparaissant pour extorsion de fonds en bande organisée et association de malfaiteurs, le procureur a distingué "les voyous", les gérants de boîtes ayant "basculé" et les "hommes de main".Contre les derniers, il a requis des peines allant de 18 mois de prison avec sursis à 30 mois ferme.
Deux ans à quatre ans ont été requis pour ceux "ayant basculé".
Des peines de 4 à 8 ans de prison ont été demandées contre les quatre organisateurs présumés, liés au parrain corse Ange-Toussaint Federici, le berger-braqueur de Venzolasca (Haute-Corse) qui avait pris à Aix-en-Provence, qu'il surnommait "la banlieue de la Corse",
la suite du clan de Francis le Belge.
Condamné à 30 ans de réclusion criminelle dans l'affaire de la tuerie du bar des Marronniers, commise en 2006 à Marseille, Federici était absent du box, l'enquête n'ayant pas démontré qu'il avait "bénéficié" en 2008 du système qu'il avait mis en place.
Les "cerveaux" nient toute implication
Le parquet a requis 8 ans de prison et le maintien en détention contre un des ses lieutenants récidivistes, Jean-Pierre Anastasio, décrit comme l'un des "patrons" qui "a joué un rôle décisif". Il a requis 7 ans de prison et le maintien en détention à l'encontre de Toussaint Acquaviva, un homme "pas intéressé par l'argent" mais "craint" et dont "l'objectif est d'asseoir sa situation, son influence au sein du groupe".Cinq ans dont deux avec sursis et un mandat d'arrêt ont été demandés pour Yvan Pacini, restaurateur aixois "omniprésent dans le dossier", et 4 ans et un mandat d'amener contre Didier Guadagna, "Doudou", qui a disparu après avoir révélé le racket, craignant pour sa vie à la suite de l'assassinat en 2009 de son mentor, Jacques Buttafoghi, qui en était la cheville ouvrière.
Le procès des 12 hommes, dont les "cerveaux" présumés ont nié toute implication dans ce racket, s'achèvera le 22 novembre après les plaidoiries.