Mickaël Landreau : "une vie organisée pour la performance"

Dimanche face à Evian-Thonon-Gaillard, lors de la 15eme journée de Ligue 1, le gardien bastiais Mickaël Landreau disputera son 602e match de L1, égalant ainsi le record du nombre de matchs disputés au plus haut niveau, détenu jusque-là par un autre gardien de but, Jean-Luc Ettori. 

Un record dont l'ancien Nantais ne prend "pas encore la mesure" à un poste où on "repart de zéro à chaque fois".

Q: Que représente ce record pour vous ?

R: "C'est quelque chose d'énorme pour moi, même si je ne prends pas complètement la mesure de ce qui se passe. Je pense que je me rendrai compte plus tard de que ça représente. On a tellement de responsabilités sur les épaules en tant que gardien
qu'on ne peut pas prendre le temps de se poser et savourer. Le jour où je poserai
les gants, je pourrai peut-être me dire, c'est pas mal (sourires).

Q: Comment arrive-t-on à un tel record ?

R: Avec beaucoup d'exigences, de remises en questions et un état d'esprit consacré à la préparation et à la compétition. C'est une vie organisée pour la performance.
Il y a des moments où il faut apprendre à dire non à des choses normales, comme traîner le soir, sortir, manger. Le moindre détail est crucial quand on veut durer.

Q: Est-ce que ce dernier jour sera lors de la dernière journée de championnat, à l'occasion d'un Bastia-Nantes plein de symboles ?

R: Nous verrons bien ! Aujourd'hui, je vis année par année. Le plus important reste la motivation et l'envie d'être au plus haut niveau. Je ne veux pas parler d'une décision dans un sens ou l'autre. Est-ce le destin que mon dernier match soit Bastia-Nantes ? Je ne fais pas les choses à moitié et donc je verrai. Si je devais continuer, ce serait probablement ici. Je ne me vois pas continuer ailleurs. Pour moi, signer à Bastia n'était pas anodin. Jean-Luc Ettori me l'a rappelé et c'est sur ses terres que ce record va être égalé. C'est une terre de valeurs et cela me correspond. A Nantes, j'ai été formé avec ces mêmes valeurs et elles m'ont servi toute ma carrière. Mais l'histoire est belle, en effet, que ce soit ici où tout a commencé que ce record soit battu.

Q: Vous avez souvent répété que vous n'aviez aucun regret dans votre carrière. Pourtant, on a l'impression que votre carrière internationale n'a pas été à la hauteur de votre longévité au plus haut niveau ?

R: Je n'ai pas forcément ce sentiment. J'ai eu tout un passage derrière Fabien Barthez et cela était logique. Après, mes choix de carrière et mes choix d'homme ont fait que je n'ai jamais eu la possibilité d'avoir la légitimité d'être titulaire indiscutable en équipe de France. Je n'ai pas le sentiment d'avoir loupé quelque chose. Je pense que j'aurais dû faire partie de l'Euro-2008. Compte tenu de mon expérience, déjà à l'époque, j'aurais pu apporter à l'équipe sur une phase finale. Ma déception est plutôt là. Aujourd'hui pour être numéro 1 en équipe de France, il faut être dans un très grand club, il faut jouer la Ligue des champions et être au top. Et à un moment donné je ne répondais pas à ces critères. Je sais qu'il y a une différence entre les meilleurs du monde et moi ! Avec 10 cm de plus, j'aurais peut-être fait une meilleure carrière. Mais pour moi, je ne regrette rien et je pense avoir fait la meilleure carrière possible.

Propos recueillis par l'AFP lors de la  conférence de presse de Mickaël Landreau le 29 novembre 2013

Landreau au panthéon des gardiens français
Le 2 octobre 1996, à 21h06, un gamin de 17 ans et cinq mois faisait sa première apparition en division 1 avec les professionnels de Nantes.

Dix-sept ans et 601 matches plus tard, Mickaël Landreau rejoint Jean-Luc Ettori au panthéon des gardiens français.

Pour ce premier match dans la division 1 d'alors, Landreau se payait même le luxe de repousser un penalty du Slovaque Lubomir Moravcik, meneur de jeu de Bastia, dont il garde aujourd'hui les cages.

Inconnu du grand public, il profita à l'époque de la blessure de Dominique Casagrande mais surtout du passage à vide du second gardien nantais, Eric Loussouarn, lors d'un derby face à Rennes, pour se voir propulsé dans les buts du FC Nantes.

Jean-Claude Suaudeau, l'emblématique entraîneur de Nantes, n'hésitera pas pour lancer dans le grand bain Landreau, sous les conseils avisés de Reynald Denoueix, à l'époque patron du centre de formation.

"Nous savions qu'il serait tout sauf un poids pour l'équipe, confie Denoueix.

Dès son arrivée à 15 ans j'ai vu un garçon qui apportait de la confiance et non des doutes. Il avait l'aura d'un futur grand".

Une aura qui permit au jeune Landreau de prendre son envol, de disputer 335 matchs sous le maillot "jaune" et de remporter un titre de champion de France en 2001 et deux coupes nationales en 1999 et 2000.

"Micka" restera dix saisons au FC Nantes sans jamais céder aux sirènes de clubs internationaux tels que le Barça ou l'AC Milan. Il prendra la direction du Paris SG en 2006 pour trois saisons difficiles où il remportera, tout de même, une Coupe de la Ligue (2008).

Une période compliquée pour le portier qui souffrira de sa concurrence avec Alonzo.

Résultat: un Landreau moins décisif et un départ à Lille en 2009 presque dans l'anonymat. Son arrivée dans le nord de la France sera marquée par une grave blessure, la deuxième de sa carrière: en stage de préparation, Landreau se rompt les ligaments croisés du genou.

Annoncé absent pour six mois, il reviendra à la compétition au bout de trois seulement et l'année suivante réalisera le doublé Coupe-Championnat avec Lille.

La belle aventure se terminera par un divorce houleux entre le gardien, son entraîneur Rudy Garcia et son président Michel Seydoux.

Suffisant pour certains, encombrant pour d'autres, l'homme n'a jamais laissé indifférent.

"Je suis quelqu'un d'entier et je me suis toujours battu pour ce que je croyais juste", avoue-t-il.

Caractère fort

Pourtant, l'actuel portier bastiais fait toujours partie de la maison tricolore et malgré son poste de troisième gardien, il n'en reste pas moins l'un de ses piliers.

Pour preuve, sa prise de parole, visiblement bénéfique, à l'issue des barrages aller des qualifications pour la Coupe du monde et la défaite face à l'Ukraine.

Landreau fait partie de cette race de leaders, de champions. Sa carrière restera marquée de parades incroyables et de coups de génies comme ce coup de bluff face au PSG et Ronaldhino, en 2009, avec ce penalty stoppé qui reste encore dans toutes les mémoires. Mais également de quelques boulettes avec cette célèbre "Panenka" tentée et ratée en finale de la Coupe de la Ligue en 2004 face à Sochaux, perdue aux tirs au but.

Depuis deux saisons, Landreau est à Bastia, là où tout a commencé ! Dimanche, face à Evian/Thonon, il disputere son 34e match sous le maillot corse, le 602e de sa carrière dans l'élite et égalera le record du Monégasque Jean-Luc Ettori.
La boucle semble donc bouclée. Et pour rajouter au symbole, la dernière rencontre de la saison des Bastiais s'effectuera au stade Furiani face à... Nantes.

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