Le Groupe Nice-Matin acculé à un redressement judiciaire

Le groupe de presse Nice-Matin, en difficulté financière depuis des mois, est acculé à un redressement judiciaire, alors que deux repreneurs déclarés depuis février tardent à concrétiser leur financement de 20 millions d'euros. Le groupe détient 50% du capital de Corse Presse, qui édite Corse-Matin.

Un comité d'entreprise a été convoqué vendredi 23 mai à 11h00 avec pour ordre du jour "une information et une consultation sur le projet de demande d'ouverture d'une procédure collective de redressement judiciaire", a précisé un porte-parole de la direction, ajoutant qu'un vote doit désigner "un représentant à la procédure collective".

L'actuel propriétaire Groupe Hersant Média (GHM) avait annoncé en février que le fonds d'investissement suisse "GXP Capital" s'associait à l'ancien élu local Jean Icart pour reprendre le groupe Nice-Matin.

"A priori, ils n'ont pas jeté l'éponge", croyait savoir jeudi 22 mai un représentant syndical. Mais ni le fonds d'investissement, ni Jean Icart ne se sont manifestés dans la journée de jeudi pour lever le doute. Les deux partenaires souhaitent apporter un soutien financier de 20 millions d'euros, via Nice Morning, appelé à être le nouvel actionnaire majoritaire.

GXP Capital, dirigé par Gilles Périn, est présent dans l'hôtellerie haut de gamme et dans la construction navale. La transaction, maintes fois repoussée, devait être finalisée dès la fin février.

Fin avril, Jean Icart était néanmoins entré officiellement au conseil d'administration de Nice-Matin. "Je suis désormais administrateur au sein du groupe et il y a eu un premier apport de deux millions d'euros sur les 20 millions que l'on doit apporter", avait alors indiqué M. Icart à l'AFP. Expliquant les retards par des "lenteurs du système bancaire suisse", il avait évoqué un bouclage "courant mai".

Le groupe, qui emploie 1.250 salariés, a terminé l'année 2013 avec une perte d'exploitation de 6 millions d'euros. Il publie les quotidiens Nice-Matin (qui tire à 90.000 exemplaires), Var-Matin (65.000 exemplaires) et Monaco-Matin.

Le groupe détient aussi 50% du capital de la société Corse Presse, qui édite Corse-Matin. Les syndicats du groupe ont annoncé l'organisation vendredi 23 mai d'une assemblée générale du personnel, vers 12h30.

"L'argent miracle de GXP n'est pas arrivé, n'arrivera pas ou arrivera trop tard. Ils nous ont amenés dans le mur", a commenté jeudi l'intersyndicale dans un texte. "Les comptes de l'entreprise sont tels qu'il n'y a qu'une issue, terrible, pour qu'au moins nos salaires de mai puissent être payés. Cette issue, c'est la procédure de redressement judiciaire".

Selon les syndicats, le tribunal de commerce de Nice sera saisi du dossier lundi 26 mai dans la matinée, un autre comité d'entreprise sera convoqué lundi et le redressement judiciaire sera alors lancé officiellement.

"Le redressement judiciaire, c'est l'inconnu. La seule presque certitude, c'est qu'Hersant y perdra tout", commentent encore les syndicats, qui se battent depuis des mois pour qu'un plan social de suppressions d'emplois se fasse en douceur, sans licenciements.

Le président du Conseil général des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a fustigé jeudi soir dans un communiqué "des promesses fantaisistes lancées par de pseudo-repreneurs de façon inconsidérée en février dernier". "Manifestement les garanties annoncées n'ont jamais été suivies d'effet", a-t-il estimé.

"Je crains que ce temps inutilement perdu ait aggravé, de façon irresponsable, la situation financière déjà très préoccupante du journal", a ajouté le député UMP. Ses attaques visent personnellement Jean Icart, un ancien élu municipal à Nice qui s'était présenté comme candidat aux dernières municipales contre le maire sortant Christian Estrosi, avant d'y renoncer pour se consacrer au rachat de Nice-Matin.

2013 a été une année noire pour la presse française, qu'elle soit nationale, régionale ou magazine: chute des ventes et des recettes publicitaires, déficits généralisés, plans de départs, cessions en rafales, un déclin que les développements numériques ne compensent pas.

Les ventes d'éditions numériques des journaux ont bondi d'environ 40% l'an dernier mais représentent moins de 3% des exemplaires papier. Globalement, les sites des journaux rapportent peu et ne compensent pas la baisse des revenus du papier.

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