Des peines de 15 mois à 7 ans de prison ont été requises jeudi 12 juin contre les protagonistes du coup de force qui avait permis, en janvier 2011, aux proches d'un parrain corse de reprendre le contrôle du cercle de jeux parisien du Wagram aux dépens d'une autre figure du milieu insulaire.
Dix hommes sont poursuivis dans cette affaire. La peine la plus sévère a été demandée contre Jean-Luc Germani, en fuite et recherché par la police. Le procès se poursuit à Paris avec les plaidoiries de la défense.
En première instance, des peines allant d'un an d'emprisonnement avec sursis à six ans ferme avaient été prononcées contre neuf des dix prévenus. Le parquet avait fait appel de ce jugement.
Le seul prévenu ayant bénéficié d'une relaxe, l'acteur Frédéric Graziani, est décédé en mars 2013. Le 19 janvier 2011, une équipe emmenée par Jean-Luc Germani, beau-frère du parrain corse Richard Casanova, avait débarqué l'équipe dirigeante du cercle Wagram (situé dans le XIIe arrondissement), contrôlée par Jean-Angelo Guazzelli.
Il s'agissait là d'une reprise en main, car trois ans plus tôt, la famille Guazzelli avait elle-même écarté du cercle les fidèles de Casanova après son assassinat, en avril 2008. Francis Guazzelli, d'abord, puis Jean-Angelo après le décès du premier, victime d'un guet-apens sur une route de Corse en novembre 2009.
Les Guazzelli et Casanova sont tous trois considérés comme des membres du célèbre gang corse dit de La Brise de mer.
Trois prévenus en fuite
La gestion de l'établissement entre 2009 et 2011 a fait l'objet d'un autre procès, en septembre 2013, qui a notamment valu à Jean-Angelo Guazzelli trois ans d'emprisonnement dont deux ferme.Tout comme lors du premier procès, trois des dix prévenus sont en fuite, dont Jean-Luc Germani, principal prévenu condamné à six ans de prison ferme en janvier 2013.
"Je ne pense pas qu'il y ait de surprise majeure", lors du procès en appel, prévoit Me Jean-Dominique Lovichi, conseil de Philippe Terrazzoni, ancien numéro deux du cercle, condamné à 30 mois d'emprisonnement dont deux ans ferme pour avoir participé au putsch.
"C'est une affaire qui ne passionne plus l'institution judiciaire", estime l'avocat, dont le client a admis avoir exprimé ses griefs aux hommes de Jean-Angelo Guazzelli mais réfuté avoir pris part à un coup de force.
"Il faut ramener l'affaire à de justes proportions", demande Me Lovichi, qui rappelle qu'"il n'y a pas eu de violence exercée" lors de cette reprise en main.
Me Léon Lef Forster, avocat d'un autre protagoniste, Antoine Quilichini, dit "Tony le boucher", estime lui que "les charges sont insuffisantes pour déterminer une participation quelconque" de son client, présenté comme un guetteur.
Pour l'avocat, la condamnation de son client à 30 mois ferme "revenait à essayer de légitimer une détention provisoire qui était largement excessive".
Le procès doit s'achever le 20 juin.