Une peine de trente ans de réclusion criminelle a été requise jeudi 25 septembre contre Jean-Bernard Leca jugé par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône pour l'assassinat en 2009 à Ajaccio de Noël Andréani, un proche de l'ex-dirigeant nationaliste Alain Orsoni.
L'avocat général Pierre Cortes a campé le décor d'une rivalité entre deux bandes criminelles corses: l'équipe de malfaiteurs du Petit Bar et celle des anciens du Mouvement pour l'Autodétermination (MPA), vitrine légale du FLNC canal habituel, incarnée par Alain Orsoni, actuel président de l'ACA, club de foot ajaccien (L2).
Aux yeux de Pierre Cortes, Noël Andréani, un homme d'affaires implanté dans le secteur immobilier en Corse-du-Sud, est "la première victime d'une réplique sanglante, un retour de balancier" après une hécatombe qui avait décimé, au premier semestre 2009, l'équipe du Petit Bar (quatre morts et un blessé).
Face aux dénégations de l'accusé selon lequel ce dossier est bâti sur la rumeur ajaccienne, l'avocat général a détaillé "un nombre incalculable d'éléments au soutien de la culpabilité et une abondance de preuves".
Les éléments à charge les plus lourds sont les déclarations des proches de l'accusé.
Ils avaient rapporté que Jean-Bernard Leca, 41 ans, leur avait confié être l'assassin de Noël Andréani, le 26 juin 2009 à Ajaccio. Sa compagne avait témoigné que, le soir des faits, excité et armé, il lui avait raconté "être resté quatre nuits en poste", un terme de chasse signifiant l'attente du gibier.
Ces dépositions à charge ont toutes été rétractées à la barre de la cour d'assises et qualifiées par l'accusé de "propos de gogols". "S'ils sont revenus sur leurs déclarations, c'est qu'ils ont pris conscience de leur gravité, mais pas parce que je suis Al Capone ou Toto Riina", a dit Jean-Bernard Leca.
Selon l'avocat général, ce règlement de comptes répond à un double objectif : la vengeance après l'assassinat de son ami Nicolas Salini exécuté à Ajaccio en avril 2009 et la volonté de Jean-Bernard Leca d'intégrer ainsi l'équipe du Petit Bar autour de son chef Francis Castola.
"C'est un crime injuste, gratuit car la victime a été choisie uniquement pour son amitié avec les anciens du MPA", a lancé Pierre Cortes, qui a qualifié l'accusé de "massacreur professionnel et d'assassin frénétique qui veut établir un tableau de chasse".
Deux mois après l'assassinat de Noël Andréani, Jean-Bernard Leca avait été interpellé armé, en treillis, à 150 mètres du domicile d'un ancien leader du MPA.
Le verdict est attendu vendredi à l'issue des plaidoiries de la défense, qui réclamera l'acquittement.