C'était une demande forte des Corses après la catastrophe de Tchernobyl et ses conséquences. Si l'île avait bénéficié d'un registre des cancers en 1986, le lancement d'une enquête épidémiologique n'aurait pas été nécessaire plusieurs années plus tard.
Un registre des cancers va être mis en place en Corse sous l'égide de l'Observatoire régional de la Santé par convention avec la Collectivité territoriale de Corse. Sa mission va consister à produire des données permettant le calcul d’indicateurs de surveillance de l’état de santé de la population corse. La CTC et les autorités compétentes pourront ainsi mener des actions de prévention dans le domaine médical et médico-social.Le registre des cancers saisira les autorités dès le constat d’une augmentation anormale des pathologies cancéreuses afin d’en rechercher les causes. Cet aspect « recherche » est fondamental pour mieux comprendre les causes de certains cancers, évaluer les besoins en matière de prévention, détecter l’émergence de nouvelles pathologies. L’analyse sera facilitée par la cartographie territoriale que le registre contiendra.
Le reportage de Solange Graziani et Daniel Bansard
La tenue du Registre des cancers sera confiée à deux épidémiologistes, Jean Arrighi, directeur de l’Observatoire, et Christophe Arena.
Une enquête épidémiologique en 2013
Le président du Conseil exécutif de Corse, Paul Giacobbi, avait présenté en octobre 2013 à Paris une "enquête indépendante" sur la forte augmentation dans l'île des maladies de la thyroïde, pourtant toujours niée par les autorités, après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl de 1986.
L'étude scientifique, menée par 25 chercheurs et dirigée par le professeur Paolo Cremonesin de l'hôpital Galliera de Gênes, avait fait état d'une forte augmentation des maladies de la thyroïde, dont des cancers, en Corse après le passage du nuage radioactif de Tchernobyl en 1986.
"S'il survenait une catastrophe comme Fukushima, le droit français ne permettrait d'indemniser personne", avait souligné Paul Giacobbi à l'adresse de l'Etat qui avait écarté l'enquête italienne.
Mme Touraine avait ainsi jugé le 23 juillet à l'Assemblée que cette étude "ne permet pas (..) d'établir un lien de cause à effet plus direct entre le nuage de Tchernobyl et le développement de ces cancers" en Corse.
Dans une note de trois pages, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) avait, à l'unisson, rejeté le travail des scientifiques italiens, estimant que les données de l'enquête "approximatives et mal décrites" faisaient "apparaître des limites majeures" sur l'analyse statistique et l'interprétation des résultats.
25 registres des cancers en France
La France métropolitaine comporte 25 registres qualifiés par le Comité national des registres (CNR) :13 registres généraux répartis dans 14 départements répartis sur l'ensemble du territoire et couvre actuellement environ 20% de la population : Bas Rhin, Calvados, Doubs et territoire de Belfort, Gironde, Haut Rhin, Herault, Isère, Lille et sa région, Limousin, Pays de Loire Atlantique, Manche et Tarn
9 registres spécialisés d'organe : digestif (Bourguignon, Calvados, Finistère), hémopathies malignes (Basse Normandie, Côte d'Or, Gironde), Cancers du sein et géynécologiques (Côte d'Or), Thyroïde (Marne Ardenne) et Système nerveux central (Gironde)
2 registres nationaux des cancers de l'enfant : Registre national de l'hémopathie de l'enfant (RNHE) et registre national des tumeurs solides de l'enfant (RNTSE)
Un registre multicentrique à vocation nationale du mésothéliome dans le cadre du programme national du mésothéliome PNSM (22 départements en 2006/2007)
(données 2011)