Cette année encore, 20.000 tonnes de clémentines vont être récoltées dans les vergers insulaires, destinées pour une large part à être distribuées sur le continent. Si la filière peut s'enorgueillir de l'obtention d'un nouveau label, la pérennité des exploitations n'est pas pour autant garantie.
Particulièrement florissante, la filière clémentine connaît pourtant les mêmes difficultés que les autres quand il s'agit de transmettre les exploitations. Dans la majorité des cas, cette transmission se fait dans le cadre familial.
Label rouge pour la clémentine de Corse
Concentrée dans la Plaine orientale, la filière clémentine se caractérise par sa structuration et sa rentabilité. En 2007, l'obtention de l'IGP (indication géographique protégée) a permis de gagner des parts de marché. Le label rouge cette année devrait conforter le succès de la clémentine de Corse. Ce gage de qualité concerne 15 à 20% de la production et entraînera une hausse du prix."Le label rouge demandera beaucoup plus de tri, beaucoup plus d'efforts et notamment en packaging, donc un produit qui reviendra un peu plus cher" justifie Jean-Paul Mancel, agrumiculteur et président de l'APRODEC (Association Promotion et Défense de la Clémentine Corse).
La difficile transmission des exploitations
La filière est prospère, appelée à l'être plus encore, et pourtant : son avenir n'est pas garanti. Aujourd'hui, un chef d'exploitation sur deux a plus de 50 ans, ce qui pose la question de la transmission de ces biens."Je viens d'avoir 65 ans et je ne sais pas ce que je vais faire de mon exploitation parce que mes enfants ne veulent pas se lancer dans l'agriculture" indique Jean-Paul Mancel.
Pour trouver un repreneur en dehors du cadre familial, les professionnels peuvent s'adresser au Point Accueil Transmission (PAT) des chambres d'agriculture. Le PAT de la chambre d'agriculture de la Haute-Corse en reçoit une centaine chaque année. Le premier frein à la transmission, c'est le foncier. Parce qu'il en manque, qu'il est morcelé... mais surtout parce qu'il coûte cher.
Reportage d'Emilie Arraudeau, Guillaume Leonetti, Christophe Gineste
André Cardosi, agrumiculteur, président du comité de bassin fruitier; Aurore Cardosi, future exploitante; Jean-Paul Mancel, agrumiculteur, président de l'APRODEC (Association Promotion et Défense de la Clémentine Corse); Marie Dominique Linale, Point info transmission de la chambre d'agriculture de la Haute-Corse, André Cardosi, agrumiculteur, président du comité de bassin fruitier.
Entre 20 et 30.000 euros l'hectare de clémentiniers
"Pour reprendre une exploitation en arboriculture, le coût est important" indique Marie Dominique Linale, du Point Info Transmission de la chambre d'agriculture de la Haute-Corse."La personne qui va récupérer une exploitation doit vraiment récupérer un foncier important, des machines qui sont très chers, donc au niveau du jeune qui n'a rien, il doit arriver avec une manne financière quand même assez importante pour racheter tout l'outil"
Un hectare de clémentiniers en pleine production se négocie ainsi entre 20 et 30.000 euros selon les infrastructures. C'est l'équivalent d'un hectare de vignes en AOC Patrimonio.
Le tutorat solution pour la transmission
Des aides financières existent pour accompagner l'achat et l'installation. Mais elles ne sont vraisemblablement pas assez attractives. Alors, le monde agricole a poussé plus loin la réflexion. Elle l'a mené sur la piste du tutorat."On n'a jamais imaginé cette succession, pourquoi ? Parce que la filière n'allait pas bien. Elle ne va bien que depuis 4 ou 5 ans, depuis que nous avons fait une IGP et que la clémentine de Corse a retrouvé son identité" explique André Cardosi, agrumiculteur, président du comité de bassin fruitier.
L'idée à long terme, c'est de faire déboucher ce tutorat sur une vente aidée de l'exploitation au jeune ainsi formé. Les agrumiculteurs comptent sur la mise en place de ce dispositif dans le cadre du futur Programme de Développement Rural de la Corse (PDRC), qui doit entrer en vigueur en 2015.