La cour d'assises des Bouches-du-Rhône a évoqué, jeudi, la "fuite" ayant permis la cavale de Guy Orsoni, jugé pour deux assassinats et une tentative en 2009 à Ajaccio et sa région, et qui avait échappé à une vague d'interpellations. Le procès reprendra mardi.
Dans la maison familiale de Véro (Corse-du-Sud), les policiers avaient découvert, le 4 juin 2009, cinq mois après l'assassinat de Thierry Castola, le lit de Guy Orsoni défait. Les enquêteurs ont établi que la veille, vers 20h, son père, l'ex-nationaliste Alain Orsoni - jugé pour menaces de mort - avait été contacté par l'homme d'affaires Jean-Baptiste Tomi l'avertissant, en langue corse et sous forme codée de l'imminence du coup de filet.Demain on fait une fête chez toi... Y a ton fils dedans
En l'absence de Jean-Baptiste Tomi, cité comme témoin, le président Patrick Vogt a donné lecture de l'écoute captée sur le téléphone d'un voisin et cousin d'Alain Orsoni: "Dis moi! Demain on fait une fête chez toi... Y a ton fils dedans ... tout le monde, tous les quinze qui sont avec ton fils... Ils m'ont appelé maintenant pour me dire cette affaire alors je te préviens".
Une enquête pour recel de violation du secret de l'enquête a établi que Jean-Baptiste Tomi avait reçu un appel de Frédéric Bongo, fils d'Omar Bongo et frère d'Ali Bongo, actuel président du Gabon, alors qu'il se trouvait en stage au sein de la gendarmerie française.
Jean-Baptiste Tomi est le fils de Michel Tomi, richissime homme d'affaires corse à la tête d'un puissant groupe implanté en Afrique de l'Ouest dans le domaine des jeux - casinos, loteries... - et celui de l'aviation privée.
Il a assuré connaître Alain Orsoni par leur fréquentation commune des tables de poker. La cour d'appel d'Aix-en-Provence l'a condamné à 100.000 euros d'amende.
La cavale de Guy Orsoni avait duré jusqu'au printemps 2011, il avait été interpellé à Madrid où son portable avait été localisé.
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A la barre des témoins, deux tantes ont détaillé l'alibi qu'elles avaient fourni à leur neveu trois ans après les faits, reconstituant leur emploi du temps du 3 janvier 2009, jour où Thierry Castola a été tué, à 20 heures à Bastelicaccia.C'est quelqu'un de bien, en qui j'ai confiance
Juliette et Dominique Campana assurent avoir rencontré Guy Orsoni sur le Cours Napoléon à Ajaccio. "On a fait du shopping. A l'heure de la fermeture des magasins, on a bu un verre et discuté jusqu'à 19h30-20h", a dit Dominique Campana, haut fonctionnaire récemment faite chevalier de la Légion d'honneur.
Les deux femmes ont évoqué la personnalité de Guy Orsoni, "très attaché à sa famille", à son grand-père colonel, aimant le surf et les promenades en montagne. "C'est quelqu'un de bien, en qui j'ai confiance", a témoigné Dominique Campana.
Placé en garde à vue, un ami d'enfance de l'accusé avait cependant indiqué que "Guy a deux mondes, celui de ses amis d'enfance et celui que vous évoquez et que je ne connais pas". A la barre, à l'instar de nombreux témoins, ce caporal-chef a tempéré ses déclarations.
Le procès reprendra mardi avec l'audition des accusés sur l'assassinat de Thierry Castola.
Le résumé de la 2ème semaine du procès, Marie-Françoise Stefani
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