Le célèbre GR20, un itinéraire de 15 étapes en deux semaines sur les plus hauts sommets de la Corse, qui en compte 117 dépassant les 2.000 mètres d'altitude, est chaque année le théâtre d'accidents en raison de sa difficulté et de l'imprudence de nombreux randonneurs.
L'accident de mercredi, qui a coûté la vie à quatre randonneurs selon un bilan provisoire, s'est produit dans le cirque de I Cascittoni (les grosses caisses), appelé aussi "cirque de la solitude", un des passages les plus difficiles du GR20, à 2000 m d'altitude au Nord de l'île.
Fermeture de l'itinéraire
L'itinéraire principal et sa variante par l'Altore ont été interdits jusqu'à nouvel ordre par un arrêté du préfet de la Haute-Corse entre le refuge de Tighjettu et celui d'Ascu Stagnu. A Asco, une noria de minibus a transporté les randonneurs encore présents vers la vallée."Les vacances sont finies. C'est affreux. On arrête ici et on file à Bastia", glisse, la voix empreinte d'émotion, Michel, un jeune informaticien bordelais en montant dans un bus en compagnie de sa fiancée, avec laquelle il a parcouru les deux premières étapes du "GR".
Tina, randonneuse finlandaise; Tommy, randonneur finlandais; Charly Santucci, gardien du refuge de Tighjettu; Reportage de Marie-France Giuliani, Sylvie Wolinsky, Dominique Lameta
Des agents du Parc naturel régional de la Corse (PNRC) ont été déployés aux accès Nord et Sud de cette étape pour empêcher d'éventuels promeneurs de passer.
"Il faudra mesurer l'ampleur des dégâts dans le cirque et dresser un état des lieux géoloqique et des équipements (ndlr: échelles, chaînes et câbles permettant de grimper des parois parfois verticales) avant de rouvrir le parcours", a déclaré le président par interim du PNRC, Jean-Marie Seïté.
Le temps clément, en dépit de la présence de nuages sur le massif du Cinto où s'est produit l'accident, a rendu plus aisé jeudi les opérations de secours.
Un nouvel orage est toutefois prévu dans l'après-midi, comme depuis le début de la semaine, les prévisions météo étant quotidiennement radiodiffusées.
C'est une mini-tempête de près de deux heures qui a provoqué la veille une coulée de boue et des éboulements, emportant de nombreux randonneurs.
50% d'abandon sur le GR20
Les appels au respect des consignes de prudence, comme celui lancé mercredi par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, se sont multipliés jeudi.Le délégué régional de la Fédération française de montagne et d'escalade, Paul-André Acquaviva, a souligné qu'"un entonnoir à 2.000 m d'altitude comme I Cascittoni, techniquement très difficile, suppose de partir très tôt le matin et non dans l'après-midi."
Paul-André Acquaviva a déploré sur la radio RCFM que "les touristes prennent des risques inconsidérés, une fois qu'ils ont payé leur voyage pour venir en Corse".
"On ne peut pas aseptiser la montagne. Alors, il faut être bien entraîné et équipé, bien étudier le parcours et prendre toujours des marges de sécurité", a-t-il rappelé.
Il a notamment déploré que des agences de voyage forment des groupes de randonneurs au sein desquels "on enregistre 50% d'abandon après quelques jours" en raison de l'extrême difficulté du GR20 et de l'instabilité de la météo dans la montagne corse.