Armes et drogues à bord de bateaux SNCM: l'aveu d'un ex-responsable syndical

Camille Abboche, ancien secrétaire général adjoint de la CFTC Marins à la SNCM, a avoué pour la première fois lundi devant le tribunal correctionnel de Marseille, avoir fait transporter de la cocaïne à bord des ferries de la compagnie maritime.

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"On ne s'improvise pas du jour au lendemain vendeur de cocaïne, je n'ai servi que d'intermédiaire", a déclaré ce marin de 49 ans, au début de la deuxième semaine du procès dans lequel comparaissent 29 personnes dont huit marins. "J'ai fait une transaction de cocaïne pour 150 grammes. Je ne suis qu'un intermédiaire et j'ai touché une commission de 1.000 euros", a déclaré cet homme qui comparaît détenu, comme neuf autres personnes.

Considéré comme le "logisticien" d'un trafic d'armes et de stupéfiants entre le continent et la Corse via les bateaux de la compagnie, l'ex-syndicaliste n'avait jusqu'alors reconnu qu'une unique transaction portant sur dix kilos de cannabis et le passage de deux armes. Confronté à la lecture d'un enregistrement de janvier 2013 dans lequel un autre marin évoque la livraison de "150 de pure" et vante "la qualité qu'il nous a donnée, Camille", M. Abboche a créé la surprise en reconnaissant sa culpabilité. 

Crâne rasé, yeux clairs, visage bronzé, l'élu syndical qui négociait les accords de branche au ministère et était reçu avec les honneurs à la Collectivité territoriale de Corse, n'a pas révélé l'identité de son fournisseur.  Je ne souhaite pas donner son nom...", a-t-il lâché, la présidente Emmanuelle Bessone complétant: "... par peur de représailles". Camille Abboche a eu un geste d'acquiescement.

Une 'réputation de magouilleur"

Sur d'autres faits transparaissant au fil des écoutes et filatures policières, il a persisté dans ses dénégations. Aperçu au contact de membres présumés de la bande du Master Café, nom d'une équipe soupçonnée de tenir le marché de la drogue sur la Haute-Corse, le syndicaliste évoque des contacts pour l'installation d'un magasin de tartes tropéziennes. "Ça m'intéressait, mon fils est pâtissier", dit-il. Surnommé "Grand dadet" par Christophe Anziani, un Marseillais que l'accusation place au sommet de la hiérarchie de ce trafic, Camille Abboche apparaît dans un rapport de subordination, répondant à ses convocations et à ses directives. "On a des pages et des pages d'écoutes entre vous et il vous parle comme à un larbin, presque", a résumé la présidente.
Dans son appartement, sonorisé par les enquêteurs, on l'entend, sur fond de bruits de culasses, proposer des fusils d'assaut: "La Kalachnikov en composite tout en noir mat et deux chargeurs de 200 et le Scorpio avec trois chargeurs, le tout pour 4.000 euros." Camille Abboche assure qu'il voulait "impressionner" son interlocuteur:

"Je surjouais, on ne m'a jamais vu livrer un sac alors que j'ai été surveillé pendant deux ans." Son ADN a été retrouvé sur un gant en plastique dans un box de garage contenant notamment 663 grammes de cocaïne et un arsenal. Il oppose les mêmes dénégations à un projet de règlement de comptes. A la proposition faite par Christophe Anziani d'appuyer sur un détonateur pour faire exploser la voiture transportant une équipe de trafiquants concurrents sur la Corse, il acquiesce sans hésitation: "J'ai dit oui pour rire." Christophe Anziani assure qu'il avait voulu "tester" Christophe Abboche, "savoir jusqu'où il était prêt à aller".

Né au Liban, arrivé en France à l'âge de seize ans, Camille Abboche avait pris les rênes de la CFTC en 2011 à la SNCM. Un marin qui le surnommait Louis la Brocante, a évoqué sa "réputation de magouilleur. Il a des combines sur tout: les places de l'OM, les montres de luxe..." 
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