Le 16 décembre, le Corsica Sera fête ses 40 ans. Pour l’occasion, France 3 Corse ViaStella retrace l’histoire du journal télévisé insulaire en cinq dates clés.
Le Corsica Sera fête, cette année, ses 40 ans. L’histoire du journal télévisé est étroitement liée à celle du développement de la télévision régionale en Corse. Tout commence en 1974 avec la création de FR3. Dès lors, la Corse n’est plus donnée à voir à travers le prisme de l’ORTF et des locaux sont installés à Ajaccio et Bastia.
Si les quatre premières années, la diffusion se fait depuis Marseille, en 1978, cette dernière se fait en Corse. À l’antenne, la chaîne propose essentiellement des magazines. Les journaux télévisés sous leur forme actuelle n’existent pas et la place de l’île n’occupe que quelques minutes des tranches d’actualité et le plus souvent pour des sujets folkloriques.
La Corse est pourtant en pleine période de mutation, celle du Riacquistu. À la télévision régionale, rien ne se voit. Dans la population, le sentiment général est celui d’une chaîne au service du pouvoir. Les locaux de FR3 Ajaccio sont totalement détruits dans un attentat.
16 décembre 1982
Cette date est celle de la première diffusion du Corsica Sera. Il s’agit d’un tournant dans l’histoire de la presse insulaire. Mais dans l’île, la liberté des journalistes reste un combat. En février 1983, après l’assassinat du coiffeur Schoch à Alata, FR3 Corse refuse de diffuser les enregistrements des menaces qui auraient pu permettre d’identifier les auteurs, l’annonce de la diffusion avait pourtant été faite par les autorités.
Les tensions s’exacerbent après les obsèques de Stefanu Cardi à Serriera où des heurts opposent militants nationalistes et policiers. Le reportage complet ne pourra être diffusé que quelques jours après les faits, les images ayant été saisies. Entre février 1983 et février 1984, le Corsica Sera fait l’objet de 36 réquisitions d’images.
1987
La rédaction est dans le viseur du ministre de l’Intérieur Charles Pasqua. Le limogeage de Sampiero Sanguinetti, chef du service de la radio-télévision en Corse, est annoncé. Une manifestation pour la liberté de la presse est organisée en février et une pétition recueille plus de 10.000 signatures. Un nouveau chef des services est nommé, Michel Satti. Un mois et demi après son arrivée, le 21 avril, il est enlevé par deux hommes se réclamant du FLNC. Michel Satti est amené jusqu’à Capo di Feno où il sera frappé.
Le 16 juin, la rédaction organise une émission sur le thème de la violence avec notamment Jean-Paul Lafay, président d’une association de défense des victimes du terrorisme. Il sera assassiné dans la nuit, à la sortie du studio. En octobre, et la diffusion d’une conférence de presse clandestine, une nouvelle menace place sur la rédaction : un transfert à Marseille. La pression populaire ne baisse pas et il faudra attendre la réélection de François Mitterrand, en 1988, pour que la situation s’apaise. La période devient charnière pour le développement de la télévision régionale.
1993
Par l’intermédiaire du nouveau statut de la Corse remontant à 1991, une direction territoriale indépendante de celle de Marseille est installée. La rédaction de France 3 Corse entre dans une phase de stabilisation autour de figures comme René Siacci, André Stefanaggi ou Jean-Marc Leccia. Politique, Méditerranée, humour, de nouveaux programmes et de nouvelles émissions font leur apparition. Avril 1995 le premier journal télévisé en langue corse, Noi, est créé.
Milieu et fin des années 90
La relative sérénité au sein de la rédaction contraste avec la situation d’extrême tension dans laquelle est plongée la société corse. En cause : les affrontements entre franges rivales du nationalisme. Meurtres, attentats, assassinat du préfet Erignac, arrestations, cavales, la rédaction vit au rythme d’une actualité trouble.
2007
Création de ViaStella. La télévision régionale insulaire s’ouvre au reste du monde grâce au satellite. Le lancement de cette chaîne de plein exercice est aussi le symbole d’une structure qui a désormais atteint la maturité. Les programmes se développent, les éditions d’information occupent une plage horaire de plus en plus importante et les émissions de la rédaction s’imposent dans le paysage télévisuel insulaire. La politique demeure une des piliers forts de l’identité de la chaîne.