Des peines allant jusqu'à 10 ans de prison ont été requises mardi, à Marseille, à l'encontre de 29 membres présumés d'un réseau de trafic d'armes et de drogue, dont 8 marins de la SNCM, de 2011 à 2013 entre la Corse et le continent.
Contre l'ancien secrétaire général adjoint de la CFTC au sein de la compagnie maritime, Camille Abboche, qui "occupait un rôle central, directeur, dans cette association de malfaiteurs", le procureur Jean-Philippe Navarre a requis 9 ans ferme.
L'ancien syndicaliste, 45 ans, aujourd'hui détenu, aurait usé "de ce don particulier de ses rapprocher des plus faibles" pour les recruter dans ce réseau et les "abuser", a stigmatisé le procureur, devant le tribunal correctionnel de Marseille.
M. Abboche avait avoué pour la première fois le 15 juin, avoir fait transporter de la cocaïne à bord des ferries de la compagnie, assurant cependant n'avoir servi que "d'intermédiaire".
Figure tutélaire du réseau
Une peine de 10 ans a été requise contre Christophe Anziani, sous mandat d'arrêt à l'époque et vivant dans la clandestinité, considéré comme le complice de M. Abboche et présenté par le ministère public comme "la figure tutélaire" du réseau. Les deux hommes sont notamment soupçonnés d'avoir eu un projet d'assassinat de deux frères corses dirigeant un trafic concurrent.
La même peine de 10 ans a été réclamée contre Petru-Paulu Miqueli, en récidive légale, important client présumé de ce trafic, dont il aurait alimenté la région de Bastia.
Peine minimale : deux ans avec sursis
Durant cette audience, qui a débuté le 10 juin, les prévenus ont tenté "de se faire infiniment petits pour dissimuler l'infiniment grave", a lancé le procureur.
Ils se sont "acharnés à nous expliquer qu'il y avait un énorme malentendu", par exemple sur les armes qui ne serviraient qu'à se "protéger parfois d'un sanglier", a-t-il ironisé.
La peine minimale requise a été de deux ans avec sursis.
Partie civile, la SNCM a de son côté réclamé 500.000 euros de dommages-intérêts, au titre du "préjudice considérable", portant atteinte à sa "renommée", à la fois "moralement" et "financièrement". "S'il y a des armes et de la drogue dans les cales de la SNCM, on se méfie un peu. On n'a pas envie, quand on est un honnête homme, de prendre les navires de la SNCM !" a plaidé l'avocat de la compagnie, Christian Bremond, soulignant que ce trafic présumé s'était développé "à l'insu" de celle-ci et qualifiant de "traites" les marins impliqués.
Le jugement est attendu le 3 juillet.