L'annonce avait fait grand bruit, dimanche. Et scandalisé les professionnels du tourisme de l'île, qui voyaient, une nouvelle fois, s'éloigner le début de la saison. Edouard Philippe a annoncé mardi que le décret allait être modifié "dans le bon sens".
Le rétropédalage, en matière aéronautique, ce n'est pas facile.
C'est pourtant l'exercice auquel est en train de se livrer Edouard Philippe.
Il a été interrogé par le député du groupe Libertés et Territoire, Philippe Vigier, mardi, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée Nationale, sur l'article 10, qui "limite de manière incompréhensible le trafic aérien entre la Corse et le continent".
Plus question de 23 juin
Le Premier ministre, de toute évidence, s'y attendait.Sa réponse ne s'est pas faire attendre : "Vous avez parfaitement raison de le faire, le décret sera corrigé dans le bon sens dès ce soir".
Ainsi, dans une correction du décret en date du 2 juin, les termes "ou de la collectivité de Corse" ont été supprimés de l'article 10. "En Corse un souhait a été exprimé, celui du démarrage de la saison touristique. C'est aussi ce que souhaite le gouvernement. Actuellement il n'y a plus de limitation de déplacement au titre du motif. Si on est touriste, on peut venir en Corse tant en bateau qu'en avion", précise Franck Robine, préfet de Corse.
Confusion générale des touristes sur la destination Corse
Des compagnies aériennes comme Air Corsica avertissent, il sera compliqué de revenir à ce qui était prévu. « Nous avions annulé des vols sur une partie du mois de juin et nous avions recréé un programme qui n’était pas le programme d’origine. On ne peut pas, d’un claquement de doigt, en remettant tout le programme de vol faire que la clientèle va revenir dans les heures ou dans les jours qui viennent. Ça va être progressif tout au long du mois de juin », Luc Bereni, président du directoire de la compagnie aérienne.Et le doute persiste aussi chez certaines compagnies maritimes, également impactées par la crise du coronavirus. Car la confusion des touristes sur la destination Corse en général. La Corsica Ferries a par exemple « perdu » 95 % de ses passagers sur l’avant-saison. « En ce qui concerne la saison, il est extrêmement difficile de faire des prévisions car nous n’avons pas engrangé de réservations pour l’été dans la période de confinement. Elles étaient quasiment nulles. Aujourd’hui, elles redémarrent, mais elles sont insuffisantes pour rattraper le retard », estime Pierre Mattei, président de la compagnie maritime.
Un soulagement pour le secteur touristique
Néanmoins, il s'agit d'une bonne nouvelle pour les professionnels du tourisme qui ont pris un sacré coup sur la tête, avec la publication du décret le 31 mai dernier au Journal Officiel.Ce dernier, dans son article 10, interdisait les transports aériens jusqu'au 23 juin « sauf s’ils sont fondés sur un motif impérieux d’ordre personnel ou familial, un motif de santé relevant de l’urgence ou un motif professionnel ne pouvant être différé, les déplacements de personnes par transport public aérien. »
Lire le décret limitant le transport aérien en Corse à un "motif impérieux"
Un coup de frein supplémentaire à une saison estivale qui n'avait pas vraiment besoin de ça.
Sans surprise la classe politique insulaire avait dénoncé avec véhémence un décret difficilement compréhensible, au regard de la réouverture quasi-générale des liaisons au sein de l’Union européenne, à partir du 15 juin.
On devrait savoir, dans les prochaines heures, quand débutera vraiment la saison touristique.