Gilles Simeoni plaide pour une coofficialité de la langue corse et le développement d’une politique linguistique

La première journée de la session de l’Assemblée de Corse, jeudi 24 novembre, a été dédiée en large partie à la langue corse. Quatre rapports ont été présentés sur le sujet.

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Une nouvelle méthode de travail a été soumise, ce jeudi 24 novembre, aux conseillers territoriaux lors de la première journée de session de l’Assemblée de Corse, par le biais d’un rapport d’orientation sur la politique linguistique.

Lors de la présentation du document, Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, a détaillé cette méthode. Le texte est présenté une première fois ce jeudi pour être débattu, s’en suivront « entre trois et quatre mois de travail » dans le but de « le nourrir, l’enrichir, l’améliorer ». Il sera ensuite présenté une seconde fois dans sa nouvelle version et reprendra le chemin du débat habituel.

Trois domaines de travail

Le choix d'une nouvelle méthode n’est pas anodin. « Il y a une raison symbolique, car cette langue appartient à tous les Corses, une raison politique, car il y a une possibilité de trouver un consensus très large autour de la langue corse, une raison opérationnelle, car beaucoup a été fait par le secteur associatif, politique, mais il y a un besoin absolu de renforcer les politiques publiques en faveur de la langue », détaille Gilles Simeoni.

Selon lui, l’ambition et l’objectif de ce rapport d’orientation sont de passer « d’une politique de la langue à une politique linguistique. Avec lui, la collectivité de Corse s’empare de ce sujet et en fait un objet central de ses politiques publiques. L’idée est de faire en sorte que chaque nouveau locuteur devienne le plus rapidement possible un transmetteur. »

Le temps de l’érosion va plus vite que celui de la transmission. 

Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse

L'objectif final de ces politiques étant l’obtention de la coofficialité de la langue corse. « Le but est de faire que la langue corse devienne une des langues d’usage des habitants de ce pays. Pour ce faire, trois points : le renforcement de la langue corse dans le système éducatif, que la langue corse devienne la langue naturelle dans l’espace social, redonner à la langue corse une utilité économique. » Des domaines indispensables pour le président du conseil exécutif qui estime que « les seuls professionnels de la langue corse ne pourront pas la sauver. Car le temps de l’érosion va plus vite que celui de la transmission. »

« Il faut un apprentissage dès la crèche »

Une présentation accueillie très favorablement par les conseillers territoriaux. Certains, comme Paul Quastana, membre du groupe Core in Fronte, regrette que la langue corse ne soit pas suffisamment présente dans le quotidien des insulaires et voudrait aller encore plus loin. « Il faut un apprentissage dès la crèche. À la crèche, il n’y a pas besoin d’universitaires ou de professeurs agrégés, il suffit de mettre des anciens », estime-t-il.

Jean-Martin Mondoloni, co-président du groupe de droite « Un Soffiu Novu » note que « chaque mandature a eu sa grand-messe sur la langue corse ». S’appuyant sur une étude, il explique que la langue corse « n’est pas directement touchée par la disparition mais est en voie d’archaïsation. » Il affirme que la « cooficialité c’est poursuivre l’effort de la politique publique. Si ces jeunes qui apprennent la langue corse n’ont pas la possibilité réinvestir leurs apprentissages dans leur vie privée, dans la société, il y a une part manquante … alors oui, la coofficialité est nécessaire. » Néanmoins, elle devient un problème « lorsque certains considèrent que c’est un attribut de souveraineté. »

Lorsque l’identité et la culture d’un pays d’accueil sont fortes, il y a une identification des arrivants à cette langue et au projet.

Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l'Assemblée de Corse.

La présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, revient quant à elle sur un « point très important concernant la relation entre la langue et l’intégration ». « L’office français de l’immigration et de l’intégration a fait la démonstration que lorsque l’identité et la culture d’un pays d’accueil sont fortes, il y a une identification des arrivants à cette langue et au projet, lorsqu’il y a un projet culturel », souligne-t-elle.

Afin d’appuyer ses propos sur l’importance de la langue corse, Marie-Antoinette Maupertuis revient sur une session de l’Assemblea di a Ghjuventù qui, lors d’une proposition sur la notion de peuple corse, a intégralement effectué les débats en langue corse. « C’était un moment fort, magnifique », commente-t-elle. Pour finir, elle propose une réunion de la conférence des présidents afin de réfléchir, notamment, à quelle commission confier les travaux nécessaires à ce sujet. 

L'Assemblée de Corse a pris acte de ce rapport d'orientation. 

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