Escomptée lors du rapport de la mise en œuvre du volet Salvezza de Salvezza è Rilanciu, c’est au sujet du rapport de demande d’abrogation de décrets relatifs aux traitements des données personnelles qu’a eu lieu la levée de bouclier de l’opposition.
Présentée par Gilles Simeoni, la demande d’abrogation des décrets relatifs aux traitements des données personnelles au sein des fichiers « de sécurité publique », a engendré un vif débat dans l’hémicycle.
Le Président du Conseil Exécutif a débuté en précisant les personnes pouvant figurer dans ces fichiers « les personnes susceptibles de nuire à la sécurité publique, c’est-à-dire les terroristes, les personnes impliquées dans des violences collectives en milieu urbain et y compris dans des manifestations sportives. Puis les personnes susceptibles de porter atteinte à la sureté de l’Etat, l’intégrité du territoire ou les institutions de la République ».
Jugés « grandement liberticides », ces décrets ont conduit Gilles Simeoni à faire deux constats : « Le seul fait de participer à un match de foot en tant que supporter ou à une manifestation politique ou syndicale, ne risque-t-il pas de justifier le fichage ? » puis « militer pour l’indépendance ou l’autonomie de Nouvelle-Calédonie, de la Corse ou de n’importe quelle collectivité, ne risque-t-il pas de justifier le fichage ? »
Gilles Simeoni, après avoir énuméré les raisons pour lesquelles un fichage est possible, a conclu en déclarant « si l’on accepte cela, on accepte tout ». Par la suite, Jean-François Casalta, et d’autres membres de la majorité ont plussoyé les propos de leur chef de file.
« Vous n’avez pas pris la mesure de la raison pour laquelle vous avez été élus »
Relativement silencieux hier, excepté lors de sa question orale sur l’acquisition d’une parcelle de 3 millions d’euros sur l’île de Cavallo, Jean-Martin Mondoloni a adopté un tout autre comportement aujourd’hui, on ne peut plus incisif : « à l’heure où les corses nous attendent depuis des mois voire des années sur des sujets fondamentaux qui n’exigent pas une autonomie accrue, on pourrait parler des déchets, de l’emploi, de la formation […], vous introduisez à l’ordre du jour ce type de démarches ».
Passablement dérangé par le sujet, il continue par « vous déployez le triptyque qui sert d’axes cardinaux de votre action : allons-y pour de la diversion, de la procrastination et de la victimisation ». Jean-Martin Mondoloni poursuit ensuite "Une charge de plus contre l'Etat, c'est toujours bon à prendre : victimisation. Procrastination, ça vous permet de différer à dessein et on ne parle pas dans cette session de choses très attendues. On diffère des problèmes qui ne peuvent plus attendre, et on fait diversion à l'instar de votre réponse d'hier".
Le retour de la question orale sur l’île de Cavallo
La réponse d'hier mise en cause par l'opposition, c'est celle de Gilles Simeoni à la question orale de Jean-Martin Mondoloni sur l'acquisition d'une parcelle sur l'île de Cavallo, "du symbole, encore du symbole" avait même déclaré le candidat aux dernières municipales à Bastia.
Le leader de Per l’Avvene avait demandé si l’activité commerciale avait cessé sur l’île, et quelle mission de service public devait se tenir sur cette parcelle acquise pour plusieurs millions d’euros, prix que Jean-Martin Mondoloni avait remis en question. Ce à quoi Gilles Simeoni avait rétorqué que l’île fait l’objet de nombreux outils réglementaires de préservation de l’environnement et de l’écologie, et que celle-ci « présente un intérêt scientifique et archéologique et qu’elle fera l’objet d’un programme d’aménagement ». Concernant le service public « cela représente une plus-value politique et symbolique pour permettre à la puissance publique de reprendre pied sur cette île ».
Insatisfait de l’explication du Président de l’Exécutif, Jean-Martin Mondoloni a tenu à le faire savoir en avançant des arguments puis en indiquant "Vous avez fait l'objet d'un plébiscite dans l'opinion [...] en face de ce niveau d'attente, je me demande si vous avez pris la mesure des désillusions que vous allez générer".
Arguments auxquels Romain Colonna a répliqué avec virulence par "je vous conseille de vous occuper des quelques pourcents que vous avez faits à Bastia [...] entendre un élu de la Corse, dire que l'on travaille (que) deux jours par mois, c'est du populisme".
La majorité des groupes La Corse dans la République et Andà per Dumane n’ont pas pris part au vote, tandis que logiquement, le groupe Per l'Avvene s'est fermement opposé au rapport. Celui-ci a toutefois été adopté par l’Assemblée de Corse.