Des CRS devant les établissements scolaires de Bastia, une image surprenante, à la mesure de la sidération vécue par toute la communauté éducative ce vendredi 13 octobre après l’attaque mortelle au couteau dans un lycée d’Arras.
Sonia est professeure au lycée du Fango, elle décrypte la géographie, l’histoire contemporaine, dont l’islamisme, elle a bravé ses craintes, pour témoigner. « La peur est là. C’est la peur aussi de s’exprimer et de répondre à des questions de la part de journalistes. On se dit qu’on peut être les prochains. Parce que cela peut finalement éclaté n’importe où, n’importe quand », estime-t-elle.
Le drame d’Arras, intervient trois jours avant la commémoration de la disparition de Samuel Paty, professeur assassiné en 2020. Le profil des meurtriers interpelle les enseignants. « Les assaillants sont extrêmement jeunes. Ils avaient quitté le système scolaire un an ou deux avant. C’est non seulement des assassinats d’enseignants, mais des assassinats d’enseignants quasiment par leurs élèves, ou presque. On est dépassé par ce niveau de violence qui est absolument nouveau », analyse Sébastien Ottavi, enseignant en Histoire et Géographie, syndicat SGEN-CFDT.
Du côté des élèves, la peur et l’appréhension existent aussi. « Ça me fait peur et je pense que je ne suis pas la seule dans cette situation. On est en Corse, ce n’est certes pas rattaché à ces endroits-là, mais on n’est pas non plus à l’abri de tous les risques », livre une élève.
Afin de rassurer enseignants et élèves, les établissements du primaire et du secondaire bénéficient d’un véhicule de police pour la sortie des élèves et des professeurs. Ce dispositif est renforcé par des patrouilles aux abords des écoles, collèges et lycées. « Il faut toujours redouter des actions isolées. C’est dans ce sens que nous protégeons les établissements scolaires. Il n’y a pas un risque systémique, chaque cas est particulier. Et nous sommes un territoire où il est nécessaire de rassurer l’ensemble de ces personnes », indique Joël-Patrick Terry, directeur départemental de la sécurité publique de la Haute-Corse 2B.
« Un vendredi noir », « Tous les Français portent ce deuil »
Sur les réseaux sociaux, les politiques insulaires ont également réagi à l’attaque. Sur X, le député de Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva écrit : « Encore une fois l'horreur au cœur d'un lycée. Notre soutien entier aux victimes blessées, notre compassion aux familles meurtries et un appel à la vigilance pour tous durant ce vendredi noir. »
Le député de Corse-du-Sud, président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, Laurent Marcangeli, écrit sur le même réseau social : "Par l’attaque terroriste d’Arras, la République est une nouvelle fois frappée en son cœur, l’un de ses piliers, l’un de ses sanctuaires : son École. J’adresse toutes mes pensées, au nom du groupe Horizons, aux victimes, blessés, familles, ainsi qu’à l’ensemble de la communauté éducative. Tous les Français portent ce deuil. »
Les professeurs et élèves qui en ressentent le besoin peuvent faire appel à une cellule de soutien psychologique. Selon nos informations, les chefs d’établissement pourront également joindre les services du Rectorat durant tout le week-end.