Trois jeunes nationalistes corses, dont un petit-fils en fuite de Charles Pieri, ont été renvoyés en août à Paris devant la cour d'assises spéciale pour un attentat à la voiture-bélier contre la sous-préfecture de Corte en 2012.
Âgés de 22 à 23 ans, membres de Ghjuventu Indipendentista (Jeunesse indépendantiste), Nicolas Battini, Stéphane Tomasini et Joseph-Marie Verdi ont été renvoyés fin août devant les assises par des juges antiterroristes, notamment pour destruction ou dégradation de biens en relation avec une entreprise terroriste, a indiqué jeudi une source judiciaire à l'AFP.
Les deux premiers sont en détention provisoire depuis fin mai 2013, mais Verdi, petit-fils de l'ancien dirigeant du FLNC Charles Pieri, est en fuite depuis cette période. Il est visé par un mandat d'arrêt. La date du procès n'a pas été fixée.
Le 1er avril 2012, vers 2 heures du matin, une voiture enfonçait la grille de la sous-préfecture et pénétrait dans sa cour. Elle avait été incendiée et un engin explosif, qui n'avait pas fonctionné, avait été retrouvé. Le véhicule, une Peugeot 207, venait d'être volé à ses occupants, braqués par trois hommes cagoulés et armés d'un fusil de chasse. Juste avant l'attaque, ils avaient croisé un groupe de gendarmes qu'ils avaient menacés.
ADN sur un masque de carnaval
L'enquête s'était orientée vers le syndicat étudiant Ghjuventu Indipendentista, implanté à l'université de Corte (Haute-Corse) et qui affichait son nationalisme et son soutien à l'action du Front de libération nationale de la Corse. Le FLNC a annoncé le dépôt des armes en 2014 pour favoriser un dialogue politique, sans réponse du gouvernement.En garde à vue, deux proches de Nicolas Battini l'ont mis en cause dans l'attaque, selon une source proche de l'enquête. Son ADN a aussi été retrouvé dans la "villa Pizzini", une maison abandonnée à Corte où les enquêteurs ont découvert du matériel utilisé pour l'attaque de la sous-préfecture.
Nicolas Battini sera aussi jugé pour une attaque à l'engin explosif de l'Office de l'environnement de Corte, la nuit du 8 février 2012, qui n'avait là aussi provoqué que des dégâts matériels. Contactée, son avocate n'a pas donné suite dans l'immédiat.
Décrit comme un militant radical, totalement dévoué à sa cause, qui "rêvait" de "devenir un prisonnier politique" selon l'un de ses amis entendu dans l'enquête, Nicolas Battini est resté le plus souvent mutique en garde à vue et devant les juges.
Lors d'une dernière audition chez les magistrats antiterroristes, début 2015, il avait affirmé qu'il ne reconnaissait pas "la légitimité de cette institution judiciaire", "en tant que militant indépendantiste", selon une source proche du dossier.
Joseph-Marie Verdi est mis en cause dans l'attaque de la sous-préfecture par un renseignement anonyme et au moins un témoignage. Un ADN identique a aussi été retrouvé sur une affiche électorale qu'il avait manipulée et sur un masque de carnaval abandonné près des gendarmes menacés, avant l'attaque.
Quant à Stéphane Tomasini, il "se dit totalement étranger aux faits. Il n'est mis en cause que par des témoignages indirects que rien n'est venu confirmer",
a déclaré à l'AFP son conseil, Eric Barbolosi. L'avocat dénonce le maintien en détention provisoire de son client, "en région parisienne, isolé, loin de ses attaches familiales et en l'empêchant de poursuivre ses études". Les soutiens de Nicolas Battini, incarcéré près de Paris, demandent aussi son transfèrement.