Une délégation d'élus insulaires s'est rendue à Paris dans le cadre de la reprise des discussions avec le gouvernement sur l'avenir institutionnel de la Corse, ce vendredi 24 février. Un rendez-vous "constructif", qui a permis de fixer un "nouveau calendrier", indique le ministre de l'Intérieur, pour des propositions qui devront être présentées d'ici le début de cet été.
Une réunion "constructive", et un horizon "qui n'a jamais été autant dégagé" quant à l'avancée des négociations entre Paris et les élus insulaires.
Au sortir de ce troisième comité stratégique consacré à l'avenir institutionnel de la Corse, Gérald Darmanin s'est montré résolument optimiste : les discussions pour une possible autonomie ont bien repris, et un nouveau calendrier aussi "ambitieux" que chargé a été déterminé. De quoi permettre, en est convaincu le ministre de l'Intérieur, "d'entrevoir un avenir radieux pour la Corse dans la République."
La question du foncier à nouveau discutée dans 45 jours
Un premier grand rendez-vous est d'ores et déjà fixé dans 45 jours, pour aborder la question du foncier, thématique longuement travaillée avec la délégation insulaire ce vendredi 24 février. Un point "extrêmement important en Corse, et qui peut être l'une des déclinaisons de ce statut d'autonomie, ou en tout cas donner lieu à des règles très spécifiques" pour l'île, indique le ministre.
Il précise attendre dans ce cadre d'ici à ce rendez-vous "les propositions de l'ensemble des parties prenantes de la Corse", exécutif, membres de l'assemblée, parlementaires ou encore maires, à ce sujet. "Si possible, des positions unifiées, et s'ils ne sont pas d'accord, des positions désunifiées", précise-t-il, assurant son intention de les examiner en tout cas dans leur ensemble.
Vie quotidienne et autonomie
Outre la question du foncier, ce sont toutes les thématiques qui peuvent encore être au menu des négociations, a tenu à rappeler Gérald Darmanin, qui différencie cependant deux types d'attentes.
En premier lieu, celles concernant "la vie quotidienne de l'île, où le président de l'exécutif, les parlementaires, les maires, demandent à l'avocat de la Corse que je suis, en tant que ministre représentant de la Corse, de les aider. Que ce soit en sur la question de la DSP [délégation de service public, ndlr], des déchets, de l'énergie... Nous sommes là pour défendre la Corse et les Corses."
Il n'y a pas une seule opinion en Corse. J'ai donc demandé à chacun et chacune de mettre des propositions concrètes sur la table.
Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur
La question de "ce qu'est une autonomie", dans un second temps, reste cependant encore au stade de discussions, ajoute le ministre. "Nous n'avons pas eu pour le moment toutes les propositions. Je sais que le président Simeoni m'a dit qu'il y travaillait avec l'ensemble de sa famille politique."
D'autant plus qu'il n'y a pas "dans nos réunions que des gens qui souhaitent l'autonomie. Nous avons des élus de force d'opposition de droite, le sénateur Jean-Jacques Panunzi, ou encore certains maires qui n'y sont pas forcément favorables", déroule-t-il. "Il n'y a pas une seule opinion en Corse. J'ai donc demandé à chacun et chacune de mettre des propositions concrètes sur la table."
Des propositions attendues d'ici le début de l'été
Foncier, autonomie, langue et culture corse... Toutes les propositions sur les aspects du processus de réflexion vers des évolutions législatives devront cependant être présentées d'ici le début de l'été, date à laquelle le président de la République entend enclencher son projet de réforme constitutionnelle.
Un calendrier serré, quand le ministre de l'Intérieur avait semblé pointer, au sortir des réunions précédentes, un certain manque de répondant de la part de l'exécutif corse quant aux tenants et aboutissants de ses projets.
Moi, j'entends que la majorité nationaliste me dit que ça fait 50 ans qu'ils réfléchissent à cette question [de l'autonomie, ndlr], donc je pense que nous ne sommes plus très loin désormais de connaître des propositions extrêmement concrètes.
Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur
Gérald Darmanin se dit pour autant serein : "Moi, j'entends que la majorité nationaliste me dit que ça fait 50 ans qu'ils réfléchissent à cette question [de l'autonomie, ndlr], donc je pense que nous ne sommes plus très loin désormais de connaître des propositions extrêmement concrètes."
"L'Etat a aussi beaucoup réfléchi pendant la période troublée que nous avons connue, des suites de l'assassinat d'Yvan Colonna, reprend-il. Nous avons beaucoup travaillé, entourés d'experts et de différents ministères, pour également élaborer un certain nombre de propositions."
"Nous devons écouter tout le monde"
Dans ce cadre, "je pense qu'il est tout à fait possible que d'ici le début de l'été, avant le 14 juillet, nous puissions présenter au président un projet, qui donnera ensuite lieu à la discussion parlementaire." Un projet pour lequel la population corse sera "sans doute" également invitée à s'exprimer, affirme le ministre.
"Le président de l'exécutif Gilles Simeoni n'est pas le seul à avoir une vision pour la Corse de demain, il y a des nuances parmi les autonomistes, et il y en a qui ne sont pas forcément autonomistes. Nous devons écouter tout le monde", insiste-t-il.
La participation symbolique d'Emmanuel Macron
Ce troisième comité stratégique s'est ouvert ce matin avec la venue d'un invité surprise : le président de la République, Emmanuel Macron. Si la rumeur de son passage se faisait de plus en plus persistante depuis la veille, son arrivée a été perçu comme un symbole "fort" pour la délégation insulaire.
Pendant un peu plus d'une heure et quart, le chef de l'Etat s'est entretenu avec les élus corses, et a pris soin de rappeler "l'engagement fort" de l'Etat en Corse, ainsi que l'absence de "tabou" ou de "solution prédéterminée", dans le cadre du processus de réflexion vers une évolution institutionnelle de la Corse.
Emmanuel Macron a assuré être ouvert à toutes les propositions des élus, de l'autonomie à la différenciation, a rapporté l'Élysée. Tout en rappelant néanmoins les "deux lignes rouges à ne pas franchir" : la Corse qui doit rester dans la République, et son refus de créer "deux catégories" de types de citoyen.