Après plusieurs mois de suspension, les discussions entre l'Etat et les élus corses autour de l'avenir institutionnel de l'île reprennent au ministère de l'Intérieur, ce vendredi 24 février. Une réunion pour laquelle vient d'apparaître un invité surprise : Emmanuel Macron.
Le bruit se faisait de plus en plus persistant ces dernières heures. Emmanuel Macron est arrivé au ministère de l'Intérieur, ce matin, à l'occasion de la reprise du cycle de négociations avec les élus corses sur l'avenir institutionnel de l'île.
Accueilli place Beauvau aux environs de 9h15 par le ministre de l'Intérieur, le président de la République a pris part durant un peu plus d'une heure à ce troisième comité stratégique. Un rendez-vous pour lequel il a été introduit, selon nos informations et comme il est d'usage, par le ministre de l'Intérieur, avant de prendre brièvement la parole.
La Corse "doit rester dans la République"
Un discours durant lequel Emmanuel Macron a notamment pris le temps de rappeler "l'engagement fort" de l'Etat en Corse, durant la période du Covid, au travers du plan France Relance, ou encore via les moyens affectés aux préfectures. Le président a surtout tenu à insister sur "deux lignes rouges à ne pas franchir", indique l'Élysée : la Corse qui doit rester dans la République, et son refus de créer "deux catégories" de types de citoyen.
Emmanuel Macron a néanmoins insisté sur le fait qu'il n'y avait "pas de tabou", ni de "solution prédéterminée" sur l'avenir institutionnel de la Corse, a rapporté l'Élysée, se disant ouvert à toutes les propositions des élus, de l'autonomie à la différenciation.
Le chef de l'Etat se dit dans ce cadre prêt à inscrire d'éventuelles évolutions dans son projet de réforme constitutionnelle, qu'il entend enclencher avant cet été. À charge, donc, aux négociateurs insulaires, de lui formuler leurs propositions avant le mois de juin.
Les élus corses ont également été invités à s'exprimer. À commencer par le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, puis la présidente de l'Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, suivie des quatre députés et des sénateurs insulaires. Des prises de parole auxquelles le président de la République a pris le temps de répondre.
Avant de s'exprimer une dernière fois avant son départ, faisant le vœu de bâtir "un chemin commun", et à ce que chacun dépasse ses réticences pour construire "l'avenir de la Corse dans la République".
Autonomie en Méditerranée, urbanisme et logement à l'ordre du jour
Au programme des discussions, ce vendredi, un retour sur la dernière réunion, tenue le 16 septembre dernier, qui avait eu attrait aux statuts d'autonomie déjà existants des différentes îles en Méditerranée. Il sera également question de l'étude des statuts de la Polynésie et de la Nouvelle-Calédonie.
L'épineuse question de l'urbanisme et du logement sera par la suite abordée. Un point crucial, indique-t-on du côté du ministère de l'Intérieur. Les échanges devraient vraisemblablement se conclure dans le courant de l'après-midi.
Une longue interruption
Cette reprise du cycle de négociation intervient après près de six mois de suspension. En cause, des conditions qui n'étaient "pas réunies", avait alors défendu le ministre de l'Intérieur, pour assurer un dialogue serein. Au centre des tensions : la question des prisonniers dits "politiques" du commando Erignac, et le rejet de la demande d'aménagement de peine de Pierre Alessandri, fin septembre 2022.
Un désaccord qui s'est depuis apaisé. Le tribunal d'application des peines antiterroristes a ainsi fait droit aux projet de semi-liberté de Pierre Alessandri, le 31 janvier dernier, et d'Alain Ferrandi, hier, jeudi 23 février. Une décision unanimement saluée par la classe politique insulaire.