L'installation ce samedi 14 décembre d'une crèche vivante sur une place publique crée la polémique à Toulouse. Un élu écologiste dénonce une atteinte à la laïcité. Un argument balayé par la majorité municipale. Alors que dit la loi sur ce type d'événements ? Éléments de réponse.
Une municipalité peut-elle soutenir l'installation d'une crèche vivante, qui fait du prosélytisme sur une place publique ? La question se pose après la polémique soulevée par un élu de Toulouse en cette fin d'année.
Une crèche dans un espace public
La manifestation n'a duré que quelques heures ce samedi 14 décembre, mais elle n'est pas passée inaperçue. L'association catholique "Vivre Noël autrement", a organisé une crèche vivante en plein cœur du centre-ville. La municipalité, qui a donné l'autorisation de l'événement a fourni des moyens matériels à cette installation.
En consultant ces copies d'écran Mme @NicoleYardeni vous pourrez constater que l'association a mené une action de prosélytisme avec les moyens municipaux. Pourriez-vous rappeler cette association à ses obligations ? https://t.co/LnWfZ7mByr pic.twitter.com/zbLctEdQex
— Régis Godec (@RegisGodec) December 18, 2024
Le problème, c'est que les organisateurs semblaient loin d'une simple démarche culturelle, à l'occasion des fêtes. Le prosélytisme et l'évangélisation du public sont écrits noir sur blanc sur les prospectus et les affiches, où cohabitent les logos de l'association catholique et de la mairie de Toulouse.
Polémique sur le net
Les premières réactions ne se sont pas fait attendre. Au point de provoquer une polémique sur le réseau social X (ex-Twitter). L'élu écologiste Régis Godec a dénoncé la forte connotation religieuse de la manifestation et l'atteinte à la loi sur la Laïcité de 2005.
"des équipes d'évangélisation iront à la rencontre des passants pour leur parler du sens de la fête de Noël et de l'Esperance Chrétienne." Le caractère prosélyte de l'animation est-il assumé depuis 2014 Mme @M_lalane ? pic.twitter.com/LnC9BPVr9T
— Régis Godec (@RegisGodec) December 18, 2024
"Le souci, c'est que cette association n'a sûrement pas précisé l'action de prosélytisme lorsqu'elle a demandé l'autorisation à la municipalité", explique Régis Godec. "Et pourtant, elle assume son caractère religieux. Je pense que la mairie de Toulouse a été tout simplement abusée. Ce n'est pas une histoire de pro crèche ou anti crèches, ça va bien au-delà".
La ville dans son bon droit ?
Du côté de la municipalité, on balaye ces arguments d'un revers de la main, texte de loi à l'appui : "Il est possible d'installer une crèche sur un emplacement public à la différence d'un bâtiment public", affirme sur X Pierre Esplugas-Labatut, en charge des manifestations culturelles. La municipalité estime être dans son bon droit.
Vision passéiste et erronée de la laïcité @RegisGodec : juridiquement possible d’installer une crèche sur un emplacement public à la différence d’un bâtiment public (CE, 9 nov. 2016, Fédération libre pensée de Vendée) https://t.co/HqyJOBWhrs
— Pierre ESPLUGAS-LABATUT (@pierreesplugas) December 17, 2024
Depuis la loi de 1905 relative à la séparation des Eglises et de l’Etat, les manifestations religieuses sont encadrées dans l’espace public. L’article 28 stipule qu’il est "interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit".
Déjà montrée du doigt
Mais il peut y avoir des exceptions, y compris pour une autorité publique si elle agit "dans le cadre d’une exposition culturelle, artistique et festive". Pour les crèches entre action culturelles et cultuelles, le législateur reste flou, laissant aux collectivités une liberté d'action que beaucoup dénoncent. En l'occurence, ici, c'est le caractère prosélyte de la manifestation qui est dénoncé.
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Cette même association, "Vivre Noël autrement", qui plante sa crèche de Noël depuis 2014 dans la ville rose avait déjà fait des remous. En 2019, une manifestation de militants anti capitaliste avait interrompu l'événement, provoquant la colère de l'évêché.