L’assemblée de Corse s’est réunie ce mardi 4 juillet dans une session extraordinaire sur l’autonomie de la Corse. Six contributions ont été présentées, dont celle de Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse. Néanmoins, beaucoup espèrent une "convergence". Les discussions et la session reprennent ce mercredi matin.
Pas de fumée blanche en début de soirée, ce mardi 4 juillet, à l’Assemblée de Corse. Réunie en session extraordinaire, elle doit décider du projet qui sera remis au gouvernement, avant le 14 juillet, dans le cadre du processus de Beauvau relatif à l’évolution institutionnelle de l’île.
Et dès l’ouverture des débats, le discours de la présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, donne le ton : cette journée doit être celle de la convergence et de l’unité pour déboucher sur un texte commun. Une volonté partagée par Gilles Simeoni lors de la présentation du texte du conseil exécutif. « Ce que nous souhaitons, c’est que cette délibération vienne dire de façon partagée ce que sont les grands axes et l’armature du statut d’autonomie que nous voulons », déclare-t-il.
Les groupes présentent cinq contributions
Mais dès la prise de parole de Jean-Martin Mondoloni, élu du groupe de droite « Un Soffiu novu », la possibilité d’une résolution unanime s’éloigne. « Nous allons déposer un texte, on souhaite qu’il ne soit pas amendé, qu’il ne soit pas retouché et qu’il soit mis au vote à la fin de cette séquence », précise-t-il. Le groupe prône un pouvoir adaptatif et refuse, comme le soutiennent les nationalistes, un pouvoir législatif.
En tout, en plus des contributions du conseil exécutif et de « Un soffiu novu », quatre autres textes ont été présentés à l’Assemblée de Corse ce mardi. Trois viennent du camp nationaliste et des groupes Core in Fronte et Avanzemu, et de l’élue non inscrite Corsica Libera, Josepha Giacometti, un dernier est porté par l’élu de droite, Pierre Ghionga.
Néanmoins, dans les rangs de Core in Fronte, Paul Quastana, figure du mouvement indépendantiste, veut croire à un consensus de tous les nationalistes et en fait une nécessité. « Il y a quatre mouvements nationalistes. Ça va être comme le casino, comme la machine à sous. Quand on tirera sur la manette, il faudrait que les quatre lignes soient alignées, parfaitement. Là, c’est le jackpot, sinon on aura perdu collectivement », lâche-t-il dans l’hémicycle.
Les tractations
En début de soirée, après les débats dans l’hémicycle, une conférence élargie de présidents s’est ouverte. L’objectif est de trouver un consensus, au moins entre nationalistes, autour de la notion d’autonomie législative.
Quelques minutes avant la réunion, le président de l’exécutif a ouvert une porte en prononçant le mot : « autodétermination ». Un signe favorable pour Core in Fronte. « Il vient d’ouvrir la voie au respect du courant patriotique indépendantiste avec cette notion en vue d’obtenir postérieurement à l’autonomie le droit à aller au-delà vers une souveraineté pleine et entière. Si on reste sur un tel écrit politique, on est sur les chemins d’un consensus très large de forte portée », estime Paul-Félix Benedetti, président du groupe Core in Fronte.
Pour Jean-Christophe Angelini, président du groupe « Avanzemu », l’enjeu est aussi celui de l’architecture institutionnelle de ce qui pourrait être, à terme, la région autonome de Corse. « C’est un point fort, avec l’autonomie administrative. Donc expérimenter des fusions de communes, redéfinir le périmètre des interco, assoir un train de ressources financières et fiscales pour les communautés de communes, les communautés d’agglomérations et les communes elles-mêmes, travailler un bicamérisme avec une chambre des territoires qui soit un vrai outil et pas un gadget ou un alibi… », défend-il.
Josepha Giacometti, Corsica Libera, reste sceptique. Le président de l’exécutif a fait une concession, pour autant aucune mention n’apparaît quant à la citoyenneté corse. La droite reste quant à elle en retrait.
Reprise ce mercredi matin
En commission, de longues discussions ont eu lieu entre les 4 groupes nationalistes et Pierre Ghionga, membre d’Un Soffiu Novu, porteur de son propre texte, afin de tenter de converger vers un document commun. Une réunion à laquelle le groupe de droite n'a pas souhaité participer.
De retour dans l'hémicycle vers 22 heures, la présidente de l'Assemblée de Corse a mis fin à cette première journée de session. Elle a annoncé une reprise des débats publics dans l'hémicycle ce mercredi à 11 heures.
En attendant, dans la soirée, les discussions se sont poursuivies entre les 4 groupes nationalistes et Pierre Ghionga pour "essayer de trouver un accord définitif sur la trame globale".
À la sortie de la réunion, tard dans la nuit, aucun accord officiel n'a été trouvé.
"Au moment ou nous parlons, personne n'a rien acté, a indiqué Gilles Simeoni. Nous discutons autour du rapport que j'ai présenté au nom du Conseil exécutif, autour des contributions portées par Avanzemu, Core in Fronte, Josepha Giacometti et Pierre Ghionga. À partir de l'ensmeble de ces textes, de ces positions, on essaie de dégager une position commune pour, je l'espère, un vote également commun."
Les trois groupes nationalistes, Josepha Giacometti-Piredda et Pierre Ghionga espèrent trouver une issue positive ce mercredi matin avec la reprise de leurs discussions. Ils doivent se revoir à 9 heures en conférence des présidents.
Ils auront deux heures pour se mettre d'accord sur la rédaction d'un texte définitif avant de retourner dans l'hémicycle pour ce deuxième jour de session extraordinaire.