Le 24 février dernier s’est tenue la troisième réunion stratégique sur la Corse place Beauvau, à Paris. Une réunion à laquelle a participé, symboliquement, Emmanuel Macron. Réactions des partis politiques nationalistes à la suite de ce comité.
Après des mois de silence, les réunions entre les élus de la Corse et le gouvernement ont repris. Le 24 février dernier s’est tenu le troisième comité stratégique sur l’avenir de l’île, Place Beauvau, en présence du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Une réunion à laquelle a participé, symboliquement, le président de la République.
Si Emmanuel Macron, lors d’un bref discours, a rappelé qu’il n’y avait « pas de tabou », ni de « solution prédéterminée » sur l'avenir institutionnel de la Corse, il a également évoqué « deux lignes rouges à ne pas franchir ». La Corse doit ainsi rester dans la République et il refuse de créer « deux catégories » de citoyens.
Pour le parti de la majorité territoriale, Femu a Corsica, qualifie cette séquence de « positive et constructive ». « Elle est probablement la meilleur séquence politique dans le rapport entre la Corse et l’État depuis notre accession aux responsabilités en décembre 2015. […] Elle ouvre des perspectives nouvelles qui nourrissent l’espoir d’un avenir de respect mutuel, de dignité, de reconnaissance et de paix ». Pour le parti « les chemins de l’espoir s’ouvrent enfin pour notre pays ».
Pour le parti indépendantiste, Core in Fronte, cette réunion « semble dessiner l’ébauche d’une direction politique axée sur des modalités de réforme institutionnelle et constitutionnelle propres au modèle français. Dans ce dispositif la Corse trouve obligatoirement sa place. »
Pour ces élus : « cette première étape de souveraineté qu’est l’autonomie est aujourd’hui plus que plausible. Cela participe à une mise à parité avec les statuts des îles de l’espace méditerranéen dans lequel s’inscrit la Corse. »
Ne pas considérer « notre peuple » comme un « artifice symbolique »
Néanmoins, Core in Fronte tique sur les « lignes rouges » exprimées par le président de la République. « Elles sont en contradiction avec la nature même du principe de dialogue et sa potentielle progression. Circonscrire l’avenir de la Corse à sa place « dans la République » c’est omettre l’histoire nationale corse et sa place originelle dans la Méditerranée. Entrevoir la Corse sous le prisme déformant de la « création de deux catégories de citoyens » c’est s’absoudre de cette responsabilité historique d’avoir détruit les fondements de la citoyenneté corse. »
Une idée partagée par Josepha Giacometti-Piredda, représente de Corsica Libera. « S’il s’agit d’un processus « à vocation historique », comme d’aucuns l’ont trop tôt qualifié, il ne peut exclure la reconnaissance de notre peuple ou bien la considérer comme un artifice symbolique mais sans traduction juridique », écrit-elle dans un communiqué en date du 27 février.
Propositions de Titres dans la Constitution
Femu a Corsica et Core in Fronte proposent également d’inscrire un Titre consacré à spécifiquement dédié à la Corse au sein de la Constitution. Pour le parti autonomiste, « il présente un double intérêt d’un point de vue politique et juridique ». « Il permet de consacrer pleinement les spécificités géographiques, historiques, linguistiques, économiques, sociales et culturelles de notre île justifiant notamment l’octroi du pouvoir législatif dans les domaines non régaliens. […] Elle distingue la Corse à la fois de la Nouvelle-Calédonie qui dispose d’un Titre à elle seule, de la Polynésie française (article 74), ainsi que des Articles 73 (DROM) et 72 (France hexagonale). »
Core in Fronte renouvelle quant à lui sa proposition « du projet Titre XII Bis pour la Corse ». Ce dernier « prévoit à terme l’exercice du droit à l’autodétermination à l’indépendance pour le peuple corse. » Selon le parti indépendantiste, l’autonomie « doit répondre aux intérêts collectifs du peuple corse. Elle doit assurer la place et le rôle du bien public au cœur de son dispositif. Elle doit satisfaire, dans un souci de justice sociale et d’équitable répartition des richesses pour tous, les aspirations des couches populaires des villes et des pievi. »
Une autonomique qui supposerait également « la dévolution de tous les attributs de souveraineté et leur adaptation suppose que la collectivité s’organise en matière de compétence concernant le service public, la sécurité sociale, le code du travail, l’assurance chômage, le salaire minimum, la grille des salaires, les conventions collectives, le statut de la fonction publique et la retraite. »
Un positionnement auquel s’associe Josepha Giacometti-Piredda. « Sans ça, ce « processus » serait un jeu de dupes auquel je refuserai d’apporter ma caution et à travers moi, celle de mon parti »
Un premier grand rendez-vous est d'ores et déjà fixé entre les élus de la Corse et le gouvernement, dans 45 jours, pour aborder la question du foncier.