Le président de l’Exécutif Gilles Simeoni était l’invité de Corsica Sera lundi 6 février. Sur notre plateau, il a réagi au discours du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, venu pour la commémoration des 25 ans de la mort du préfet Erignac.
“C'est un discours qui est important parce qu’il marque incontestablement une inflexion forte dans le discours non seulement du gouvernement, mais de l'État tout entier.” Les premiers mots de Gilles Simeoni sont clairs : la prise de parole du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a incontestablement enclenché un tournant politique dans les relations entre la Corse et Paris.
Le président de l’Exécutif le rappelle, la tonalité est totalement différente de celle du discours d'Emmanuel Macron en 2018 – discours durant lequel le président de la République avait déclaré que l'assassinat du préfet Claude Érignac “ne s'excuse pas, ne se plaide pas, ne s'explique pas”.
“La reconnaissance d'une logique de conflit”
Dans son analyse du discours du ministre de l'Intérieur, Gilles Simeoni retient “trois éléments importants”.
"Le Ministre, au nom du gouvernement et de l'État, vient de dire, il est temps d'écrire ensemble une page nouvelle de l'histoire de la Corse, rappelle Gilles Simeoni. C'est essentiel, c'est un discours que nous demandions et que nous attendions, sans rien oublier du passé, sans rien oublier des morts, des drames, des tragédies”.
Deuxième point : “Pour la première fois, Gérald Darmanin, au-delà de l'hommage naturel et compréhensible rendu à la mémoire de Claude Erignac, associe dans l'hommage l'ensemble des morts des deux côtés”, indique le président de l’Exécutif, qui y voit “la reconnaissance aussi d'une logique de conflit”.
Une logique, et c'est le troisième point soulevé par Gilles Simeoni, "qu'il convient aujourd'hui de dépasser", rappelant "la citation et la référence à dix reprises à la paix".
“Passer à la partie opérationnelle”
Outre ces “aspects positifs”, reste maintenant à “passer à la partie opérationnelle” pour Gilles Simeoni. Partie qui ne peut déboucher que sur une "solution politique construite dans et par le dialogue et dans le respect de la démocratie".
Faisant écho aux propos de Gérald Darmanin, Gilles Simeoni reprend : "l'histoire nous attend et les morts, tous les morts nous regardent et nous obligent. Nous devons écrire une nouvelle page de l'histoire de la Corse".
Cette page, le président de l'Exécutif dit vouloir l'écrire "dans le respect du fil historique du combat qui est le nôtre, ce sont les dimensions qui manquaient aujourd'hui, mais nous nous y attendions". Les notions de peuple Corse ou de coofficialité n'étaient, en effet, pas à l'ordre du jour.
Confiance
Des points qui seront sans doute prochainement abordés. "Si le Gérald Darmanin revient, la présidente de l'Assemblée de Corse et moi-même allons bien évidemment l'inviter à venir s'exprimer devant l'Assemblée de Corse", annonce t-il.
Concernant la reprise du dialogue, le président de l'Exécutif se veut donc confiant. "J'ai confiance dans la volonté partagée de vouloir construire une solution politique. La confiance se construit. Elle se construit par des mots ont été prononcés. Aujourd'hui, elle se construit aussi par des actes. En ce qui nous concerne, nous sommes déterminés à réussir au service de la Corse, du peuple Corse et de l'intérêt général.", conclut Gilles Simeoni.
Retrouvez l'intégralité de l'interview de Gilles Simeoni par Jean-Vitus Albertini et Stella Rossi :