Ce lundi 6 février, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est rendu à Ajaccio pour la commémoration des 25 ans de la mort du préfet Erignac. De nombreux élus de tous bords politiques ont assisté à la cérémonie. Retrouvez les premières réactions.
"Il est temps d’écrire une nouvelle page de l’histoire de la Corse, le gouvernement de la République est prêt, il vous attend, il tend la main." Sur la place Claude-Erignac, à Ajaccio, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a livré un discours en deux temps, à la fois hommage au préfet assassiné il y a 25 ans, mais aussi résolument tourné vers l’avenir et ponctué de multiples références à la "paix" et à la "jeunesse".
"Fermer cette page et en écrire une nouvelle" pour Jean-Christophe Angelini
À l’issue de la cérémonie, le maire de Porto-Vecchio et président du groupe Avanzemu Jean-Christophe Angelini a salué "un discours de mémoire, et c'est bien légitime, et en même temps un discours d'humilité, de respect et d'ouverture".
"Alessandri, Ferrandi, tant d'autres semblent retrouver aujourd'hui un chemin de liberté et après 25 ans, peut-être le moment est-il venu de fermer cette page et d'en écrire une nouvelle ?, interroge t-il. Mais je le redis, même si nous avons a priori confiance et espoir dans le processus qui s'ouvre, nous voulons véritablement aller plus loin et maintenant passer de la parole aux actes."
"Le dialogue doit reprendre avec sérénité", estime Jean-Jacques Panunzi
Le sénateur de Corse-du-Sud Jean-Jacques Panunzi a lui aussi réagi. "C'est un discours de réconciliation, un discours d'apaisement des choses. [Le ministre] a dit qu'il fallait tourner la page, et qu'un quart de siècle est passé, qu’une nouvelle génération arrive alors on n'oublie pas, mais la vie continue. Essayons de la construire ensemble de la façon la plus apaisée possible".
Jean-Jacques Panunzi estime que le ministre "a tendu la main au président de l'Exécutif, à la Collectivité de Corse, en disant qu'ils sont prêts à nous aider, pour nous accompagner dans toutes nos démarches et dans la construction d'une ère nouvelle". Un discours que le sénateur a donc trouvé "juste et équilibré".
"Le dialogue doit reprendre avec sérénité", a-t-il conclu.
"De bon augure", pour Pierre Savelli
Le maire de Bastia Pierre Savelli est l'un des seuls membres de la majorité territoriale à s'être exprimé, le président de l'Exécutif Gilles Simeoni ayant indiqué qu'il ne souhaitait pas, pour l'heure, faire de commentaires sur le discours du ministre de l'Intérieur.
"Quand on entend le discours de président de la République en 2018 et celui du ministre de l'Intérieur aujourd'hui, ce sont deux discours complètement différents, note Pierre Savelli. Aujourd'hui, on parle d'ouverture, on parle de tourner la page, donc ça c'est de bon augure dans le cadre et en prévision de la reprise des discussions à Beauvau."
Rappelant la "bonne nouvelle" que représente la mesure de liberté conditionnelle accordée à Pierre Alessandri, le maire de Bastia dit "attendre la réponse concernant le statut d'Alain Ferrandi".
"Ensuite, les discussions vont reprendre, je pense", conclut-il.
"À nous de faire la preuve que nous avons les choses en main", pour Stéphane Sbraggia
"Mon ressenti, c'est qu'il y a effectivement une volonté de l'État de reprendre des discussions dans un climat qui soit apaisé", livre le maire d'Ajaccio Stéphane Sbraggia.
Pour ce dernier, la balle est aujourd'hui dans le camp de la Corse. "[Le ministre] attend aussi des Corses que nous soyons mobilisés, et ce, quelles que soient nos divergences politiques. Donc c'est à nous de faire la preuve que nous avons les choses en main et que nous voulons réfléchir à notre avenir, en concertation et dans le respect des différences."
"La main est tendue par le ministre", pour Jean-Charles Orsucci
Le maire de Bonifacio Jean-Charles Orsucci retient "d'abord un très bel hommage au préfet Claude Erignac, qui le méritait amplement", mais aussi "des mots forts dans la bouche du ministre : j'ai souvent entendu parler de paix, j'ai souvent entendu des références à la jeunesse et je crois qu'aujourd'hui, il faut retenir que peut-être une nouvelle page de la Corse va s'ouvrir".
Pour autant, Jean-Charles Orsucci indique rester "prudent parce que l'histoire récente a souvent amené des déceptions".
"J'ai toujours souvent pensé qu’il fallait écrire cette nouvelle page d'histoire. Aujourd'hui, en tout cas, la main était tendue par un ministre qui a, je pense, largement pesé ses mots", conclut-il.
Paul-André Colombani : "C’est une parole importante"
Concernant la tonalité du discours, pour le député nationaliste Paul-André Colombani, "c’est mieux qu’il y a cinq ans".
"J’ai préféré les paroles d'aujourd'hui : “on tourne une page, on évolue” plus que “ça ne se plaide pas” (Ndlr : En février 2018, lors de la commémoration de l'assassinat du préfet Erignac, le président de la République Emmanuel Macron avait déclaré que ce qu'il s'est passé "ne se plaide pas". Pour rappel, Gilles Simeoni a été l'avocat d'Yvan Colonna).
D'autres mots ont retenu l'attention du député de Corse-du-Sud : "On a parlé “des morts”. C’est une parole importante. On a rendu un hommage vibrant au préfet Erignac, ce qui est normal, mais en même temps on a parlé “des morts”. Et ce sont des mots qui sont importants et qui ont un sens assez lourd. Et c’est ce que l'histoire gardera si vraiment derrière il y a des résultats au niveau institutionnel."
"La paix ne peut se décréter" pour Corsica Libera
Les partis indépendantistes Core in Fronte et Corsica Libera n'étaient, pour leur part, pas présents à la cérémonie.
Contactée, Josepha Giacometti, représentante de Corsica Libera, estime que "pour l'heure, ce sont des mots. La paix ne peut se décréter, mais doit se bâtir et nous sommes encore dans l'attente d'actes. Nous sommes dans l'attente de voir si cinquante années de combat qui se sont traduites à plusieurs reprises démocratiquement dans les urnes sont prises en compte".
Core in Fronte, de son côté, n'a pas réagi à cette heure.