Chaque début d'année marque le moment des changements de nom ou d'unions communales. Dans le Rhône, la petite ville de Grigny retrouve son attache au fleuve Roi. Ne m'appelez plus Grigny, mais Grigny-sur-Rhône ! Ce que font avec satisfaction les habitants.
Comme sept autres communes de l’Hexagone, Grigny, ville de près de 10 000 habitants au sud de Lyon, s’appelle désormais Grigny-sur-Rhône. Depuis le 1er janvier, le nom du fleuve que la commune jouxte directement sur plus de 5 km, est affublé à sa dénomination. Une victoire pour les élus comme certains habitants qui considèrent que c’est plutôt une bonne nouvelle.
Pourquoi une bonne nouvelle ?
La gérante d’un bar du centre-ville pousse un ouf de soulagement. Installée depuis trois ans dans cet établissement, elle en a vu des erreurs de destinataires à cause du nom commun avec deux autres villes en France, dans la région parisienne et dans le Pas de Calais. “Les livreurs nous apportaient des colis qui ne nous étaient en fait pas destinés. Et puis le nom me va bien !” Même chose pour Odile, la gérante d’un tabac à quelques dizaines de mètres : “ Ça fait du bien, ça sonne bien, ça fait local, ça donne une meilleure image.”
Pour cet habitant de Grigny depuis dix ans, le nouveau nom redonne une identité rhônalpine à la ville. Avec Grigny sur Rhône, pas de risque de se tromper. “ Mon entreprise étant basée en région parisienne, il y avait parfois pas mal de confusion avec la ville de l'Essonne. Ce n’est pas capital mais ça va certainement faciliter les choses pour la mairie.”
Des années de gestation
La mairie, justement. Pour le premier magistrat, Xavier Odo, la nouvelle dénomination va permettre d’éviter les erreurs de destinataires, pas quotidiennes mais néanmoins régulières. “On recevait du courrier qui était destiné aux deux autres mairies malgré des adresses bien différentes. Pareil dans l’autre sens, et du coup, on perdait du temps à régler ces petits désagréments. Des agents territoriaux qui postulaient dans les collectivités nous envoyaient leurs candidatures alors qu'ils habitaient en région parisienne. Il fallait les appeler pour leur demander s'ils ne se trompaient pas. Il fallait le faire car sinon, ils pensaient avoir candidaté alors que cela n’était pas le cas... On a même reçu quelques courriers de relance pour factures impayées qui ne nous concernaient pas ! ”
Annoncé dans le courant de l'été dernier, le nouveau nom est le fruit de mois et de mois de négociations avec l’administration, confie le maire. Une bataille ? Pas vraiment tente de rassurer l’édile. “ Plutôt des combats à passer dans différentes instances pour rassembler les éléments du projet.” La mairie a dû justifier auprès du ministère de l’Intérieur que cela faisait sens d’aller vers le Rhône, et donc de rajouter le nom du fleuve à Grigny... alors que la commune borde l'eau sur plus de 5 km de longueur.
Le Rhône inscrit dans notre histoire
En amont, tout un travail a été accompli avec les archives départementales, explique le maire. Pour comprendre pour quelle raison le nom Rhône n’était pas lié à celui de Grigny tandis que d’autres communes comme Loire sur Rhône ou Saint Clair du Rhône l’étaient. “Pour bon nombre d’habitants comme pour moi, le Rhône est inscrit dans notre histoire."
Le travail a été réalisé en amont avec les archives départementales, " pour comprendre pourquoi contrairement à Loire sur Rhône ou Saint Clair du Rhône, on n’avait pas basculé. Pour moi, le Rhône est inscrit dans notre histoire, mais il faut reconnaître que la ville a été coupée du fleuve par la voie ferrée.” Durant le premier mandat, la question a tourné autour de la réappropriation du fleuve. Une première réponse a consisté dans l’aménagement du parc du Rhône, " pour donner aux gens l’envie de profiter des rives."
Puis pour donner du sens au changement, mieux comprendre quelles conséquences pouvait entraîner une modification de nom, des contacts ont été noués avec des d’autres mairies qui avaient suivi le même processus. In fine, les choses se sont passées assez facilement. “ Toutes les démarches se sont faites presque automatiquement. L’Etat a fait ce qu'il fallait et la bascule s’est opérée assez rapidement ”, a pu constater le maire. Et les panneaux ont été changés dans les temps, grâce à la diligence de la Métropole de Lyon.