Jusqu’à vendredi, des enfants atteints de lourds cancers originaires du continent et leur famille séjournent en Corse. Une parenthèse remplie d’activités en plein air pour les sortir de leur quotidien hospitalier.
“Le retour des mamans lionnes et leurs petits guerriers”, lance Sandra Peraldi. Sur la terrasse d’un restaurant du port d’Ajaccio, un petit groupe vient d’arriver. Il rentre d’une sortie en catamaran. Très rapidement, chacun trouve sa place autour de la table. Déjà, les souvenirs de la matinée passée sont partagés dans les rires et les éclats de voix.
Pendant une semaine, 13 enfants, dont certains sont atteints de lourds cancers et soignés à la Timone, et leur mère respective sont accueillis en Corse. Parmi eux, Kenzo, 8 ans, qui classe le catamaran comme activité préférée de la semaine. “J’ai pu faire des roulades dans les filets”, sourit-il. Lena, 15 ans, ne parvient pas à choisir. “Je ne pensais pas que la semaine allait être aussi chargée. Je garderai en tête tout le voyage”, répond-elle l’air amusé.
Car depuis samedi, les sorties s’enchaînent à un rythme effréné pour le petit groupe. “Ils ont été invités au spectacle des restos du cœur, ils ont rencontré des joueurs de l’ACA, ils sont allés voir les tortues au parc A Cupulatta. Toutes ces activités leur sont offertes, ainsi que leur hébergement. Il y a un élan de générosité énorme. On en arrive même à refuser certaines invitations, on n’a pas assez de temps, et des cadeaux arrivent de la Corse entière”, détaille Sandra Peraldi, gérante d’une agence immobilière.
“C’est beaucoup d’émotions et c’est beaucoup de bonheur”
Magalie, la mère de la jeune adolescente, acquiesce. Elle confie : “Ce sont nos premières vacances depuis un an. On revit un peu. C’est beaucoup d’émotions, il y a beaucoup de souvenirs qui reviennent, mais c’est aussi beaucoup de bonheur. On ne s’aperçoit pas qu’ils sont malades.”
Le quotidien de ces enfants, âgés de 6 à 15 ans, est marqué par un suivi et un protocole médical lourd. Des hospitalisations. “Pour les mères, c’est une grande bouffée d’oxygène. Elles soufflent, elles se défoulent, elles dansent. Tout le monde s’amuse”, explique Sabine Matina, présidente et fondatrice de l’association Des coccinelles rouges pour Thomas. La structure vise à soutenir des projets liés aux enfants atteints d’un cancer ou d’une maladie rare.
Ces quelques jours permettent également aux mères de famille de “rattraper le temps qu’elles n’ont pas avec leurs autres enfants”. “Mon fils Thomas a été atteint de leucémie. Lors de ces hospitalisations, reprend Sabine Matina, je vivais à l’hôpital. Je n’avais pas de temps pour mes autres enfants. Parfois, ils pouvaient ne pas comprendre et souvent, ils n’étaient pas conscients que leur frère pouvait partir. Lorsque l’on nous proposait des sorties, c’était juste pour Thomas et moi. Là, toute la fratrie part, ils passent tous ces moments ensemble.”
"Ils nous donnent des leçons, ils ne se plaignent jamais”
L’énergie que ces expériences procurent des effets qui jusqu’alors semblaient inespérés. “Kenzo était sur un fauteuil roulant depuis deux ans, il est suivi pour l’aider à marcher. Là, il est debout, il marche, il saute”, se félicite Sabine Matina.
Une force dont se nourrissent tous les adultes qui accompagnent les enfants. “Ils nous donnent des leçons. Ils ne se plaignent jamais”, souligne Sandra Peraldi.
C'est avec une force et un enthousiasme intacts que le petit groupe va continuer de profiter jusqu’à vendredi. “Leur agenda de ministre” est encore bien chargé avec notamment la visite des Îles Sanguinaires et de la plage de Cupabia.