Dans un rapport rendu public en avril, la chambre régionale des comptes (CRC) de Corse dresse un tableau accablant de la gestion de l’agence du tourisme de la Corse (ATC), incapable selon l'institution d'assumer ses missions lors de la période 2012-2016.
"Une gestion défaillante", "un pilotage insuffisant", "une stratégie embryonnaire", "une masse salariale non contenue"… Dans un document de 120 pages rendu public le 9 avril, la chambre régionale des comptes de Corse dresse un tableau accablant de la gestion de l'ATC au titre des exercices 2012 et suivants.
Gouvernance, ressources humaines, activité touristique, rien ne semble avoir fonctionné pendant cinq ans, au sein de l'ATC.
Explosion des charges de personnel
La haute juridiction pointe du doigt la réduction de 25 % des recettes de fonctionnement de l’ATC depuis 2012, subvention versée par la CTC. Mais surtout la chambre constate une augmentation constante des charges de personnel, qui "s’élèvent à 58 % des dépenses réelles de fonctionnement en 2016, contre 38 % en 2012"."L’examen de la gestion des ressources humaines fait apparaître plusieurs dérives déjà signalées par la chambre en 2012". La CRC de Corse dénonce des "effectifs de salariés qui demeurent artificiellement stables", avec un recours aux CDD "qui augmentent de 235 % en cinq ans".
La chambre parle aussi "d’une surreprésentation de cadres, qui ont bénéficié d’une politique généreuse de revalorisations salariales, se traduisant par une augmentation de 15,4 % du traitement indiciaire et de 23 % des primes et indemnités entre 2012 et 2016".
Un déficit de gouvernance
"Cette dégradation de la situation financière de l’agence révèle une gestion défaillante", pointe encore la CRC de Corse qui accable la gouvernance de l'ATC, présidée par Vanina Pieri de 2010 à 2015, puis par Marie-Antoinette Maupertuis depuis 2016."Entre 2012 et 2015, l’ATC a été confrontée à un déficit de débat démocratique entre élus et représentants socioprofessionnels, au sein de ses organes délibérants. Cela vise à la fois le conseil d’administration de l’ATC, en raison d’une insuffisante assiduité de ses membres, et les commissions consultatives qui n’ont pas été en mesure de jouer un rôle de force de proposition."
Une mauvaise gestion des commandes publiques
La chambre régionale des comptes de Corse indique encore que l'ATC a commis des erreurs dans ses commandes publiques et n'a pas assumer son rôle dans la promotion de l'activité touristique.Sur quatre marchés, la haute juridiction constate un surcoût de "près de 10 % du montant total de ces marchés".
"Les moyens financiers consacrés aux actions de promotion et de communication réalisées par l’ATC ont continué à chuter entre 2012 et 2016, à hauteur de 56 %.
Cette baisse n’est que partiellement expliquée", indique encore la CRCC qui précise en conclusion que depuis son précédent rapport d'observation "seulement 50 % de ses recommandations ont été mises en œuvre par l’ATC.
Lire le rapport de la CRC de Corse sur la gestion de l'Agence du tourisme de la Corse