C'est une première depuis la mise en place de la Collectivité territoriale de Corse : avec une si forte majorité nationaliste, comment les élus de l'opposition envisagent-ils leur rôle ? Comment exister politiquement d'autant que cette opposition est divisée ?
Face à une majorité pléthorique de 41 membres, l'opposition n'entend pas faire de la simple figuration. Les 22 élus répartis en trois groupes, ont présenté chacun une candidature symbolique à la présidence de l'Assemblée de Corse.
Une opposition fragmentée mais déterminée
Pour Jean-Martin Mondoloni de la droite régionaliste, le petit nombre n'empêche pas l'efficacité.
« J’ai connu des minorités agissantes qui étaient bien plus efficaces et bien plus fertiles que des majorités silencieuses. Je pense que ça tient moins au nombre qu’à la pertinence et à la qualité du travail que nous essayerons de faire reconnaître dans la durée. »
De son côté, Camille De Rocca Serra, ajoute : « c’est vrai que pendant longtemps, on disait que moins il y avait de majorité absolue et mieux la Corse se porterait parce que cela obligeait l’exécutif au dialogue. J’ai participé moi-même à faire évoluer le mode de scrutin qui donne aujourd’hui une majorité absolue à ceux qui, à l’époque, refusaient ce mode de scrutin… Nous verrons bien si le dialogue peut exister. »
Exclusivement en langue corse, le discours de Jean-Guy Talamoni a été perçu comme étant moins militant que celui de 2015. Pour Valérie Bozzi, les références au FLNC et à l’auto-détermination ne sont pas passées inaperçues.
Une opposition constructive
« Je crois que l’auto-détermination, ce n’était peut-être pas lors de cette installation qu’il aurait fallu en parler, mais c’est ce qu’il a souhaité faire et je pense que c’est pour marquer aussi sa différence. En tout cas, moi je serai vigilante sur cette lignée. » Cependant, elle entend animer une opposition constructive. « J’ai une expérience d’élue de proximité, de maire, de présidente d’une intercommunalité et je pense que c’est cette expérience-là qui sera un atout. »
Jean-Charles Orsucci, de La République en Marche, voit dans cette séance d’installation une volonté de dialogue. « La référence à Michel Rocard ou à Pierre Mendès France ne peut que me satisfaire et j’espère qu’elle ne pourra que satisfaire de chef de l’Etat qui lui aussi a été très proche de Michel Rocard. On attendra pour voir mais aujourd’hui le discours se voulait dans le rassemblement. »
Trois groupes vont désormais s’atteler à faire entendre leurs différences. La tradition veut que la Commission d’évaluation des politiques de l’Assemblée soit confiée à un membre de l’opposition.
Intervenants : Jean-Martin Mondoloni, élu " La voie de l'avenir, a strada di l'avvene " ; Camille de Rocca Serra, élu " La voie de l'avenir, a strada di l'avvene " ; Valérie Bozzi, élue " Voir plus grand " ; Jean-Charles Orsucci, élu " Andà per dumane ! " ;
Reportage : Dominique Moret, Thierry Guespin, Amel Touati