Deux préfets en activité se seraient réjouis de la mort d'Yvan Colonna : le contenu des sms dévoilé dans le rapport de la commission d'enquête

"L'autre détenu n'a fait que ce que l'Etat aurait dû faire à l'époque" : selon le député et président de la commission parlementaire chargée d'enquêter sur les conditions de l'assassinat d'Yvan Colonna, Jean-Félix Acquaviva, des préfets en activités se seraient félicités dans des échanges privés du décès du détenu corse. Des conversations qui seraient retranscrites dans le rapport de la commission.

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Une gestion défaillante de l'administration, un défaut de vigilance, des nombreuses "inactions et erreurs"... Le rapport issu des travaux de la commission parlementaire chargée d'enquêter sur les conditions de l'assassinat d'Yvan Colonna n'est pas tendre avec les diverses autorités concernées dans la gestion des parcours carcéraux respectifs du Corse et de son agresseur, Franck Elong Abé.

Yvan Colonna, estime le document, aura été confronté à une organisation "particulièrement rigoureuse" tout au long de ses années d'incarcération, sans possibilité d'aménagement de peine et sans transfert autorisé pour rapprochement familial.

Ceci du fait de son statut de DPS, détenu particulièrement signalé. Mais aussi, considère Jean-Félix Acquaviva président de cette commission parlementaire, dans son avant-propos, d'une gestion "particulière, spéciale, politique du cas des détenus du commando Erignac, mue par une "haine" et une logique de vengeance qui se cachait de moins en moins au fil du temps".

"Fernandel tue Erignac une deuxième fois"

Un contexte qui se serait notamment traduit, dénonce le député, par des échanges de messages entre préfets se réjouissant de l'assassinat du détenu insulaire. Jean-Félix Acquaviva abonde les annexes du rapport de ces échanges. Des messages qui auraient, selon le député, été émis sur une boucle WhatsApp, entre deux préfets en activité, renommés dans le rapport X et Y afin de masquer leur identité.

La conversation daterait des 10 et 11 mars 2022, soit au moment de la levée des statuts de DPS de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, autres membres du commando Erignac.

Des messages qui font ici évocation de "Fernandel", sobriquet attribué, dans ce cadre, à l'ancien Premier ministre Jean Castex, dont l'action est lourdement critiquée par les deux correspondants.

On y lit notamment l'estimation, par l'un des deux prétendus préfets, que Franck Elong Abé, en assassinant Yvan Colonna, "n'a fait que ce que l'Etat aurait dû faire à l'époque" ; quand l'autre préfet ironise que "dans un souci méticuleux de lâcheté réconciliatrice on va sans doute transférer les cendres de Klaus Barbie au Panthéon à côté de celles de Jean Moulin".

Passe d'armes avec le ministre de l'Intérieur

C'est le 8 mars dernier, à l'occasion de l'audition de Jean Castex en commission parlementaire, que Jean-Félix Acquaviva avait évoqué pour la première fois l'existence de tels messages qui seraient parvenus à sa connaissance. Le Premier ministre avait alors refuté l'existence d'une vengeance d'Etat.

Mais les accusations étaient remontées jusqu'au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et avaient occasionné une passe d'armes entre ce dernier et le député président de la commission parlementaire. Dans un courrier daté du 14 avril, le ministre qualifiait ces propos de "particulièrement graves". "J’imagine que vous ne les avez prononcés qu’en ayant en main les preuves correspondantes : en ma qualité de ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer, il me reviendrait alors d’en tirer toutes les conséquences", continuait-il, demandant dans ces conditions que lui soit transmis "'les éléments de toute nature".

Une demande rejetée par le député Acquaviva, insistant que les preuves des échanges seraient versées au rapport, et donc disponibles dès sa parution ce 30 mai.

Il reste désormais à savoir si cet échange anonymisé semblera suffisant - ou non - au ministre de tutelle des préfets pour élargir le cadre des investigations engagées à la suite de l'assassinat d'Yvan Colonna.

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Deux préfets en activité se seraient réjouis de la mort d'Yvan Colonna : le contenu des sms dévoilé dans le rapport de la commission d'enquête ©D. MORET / FTV
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