Au lendemain de la parution du communiqué du mouvement clandestin, peu d'élus insulaires ont souhaité s'exprimer pour commenter le texte cosigné par les organisations "Union des combattants" et du "22 octobre". Ce mercredi, la Fédération de Corse du Parti Radical a réagi au texte du FLNC.
En publiant un communiqué et en revendiquant 16 actions quelques jours avant la première réunion qui doit avoir lieu à Paris entre les élus corses et le ministre de l'Intérieur, le FLNC entend-il peser sur le processus concernant l'avenir institutionnel de l'île ?
"Que les clandestins soient associés à la discussion, la réponse est catégoriquement non", affirme sans ambages l'élu de droite Jean-Martin Mondoloni. Maintenant, ce qu'ils représentent comme idéologie doit pouvoir à un moment donné trouver une voie dans l'expression de la diversité des opinions qui fondent la société politique corse. En un mot : la clandestinité non, la représentation politique oui."
Pour le conseiller territorial Un soffiu novu, le texte du FLNC "était presque attendu".
"Nous considérons que les communiqués d'où qu'ils viennent ne doivent pas parasiter le processus, poursuit-il. En revanche, si l'idée est de dire que l'ensemble des composantes de la société corse dans ses considérations politiques doit être associé, naturellement, il faut que chacun trouve sa voie d'expression dans la démarche qui va s'amorcer à partir de mercredi prochain."
"Recul et régression"
De son côté, Jean-Christophe Angelini qualifie quant à lui de "recul et de régression tout retour de la violence politique et de la clandestinité sur la scène publique".
"Nous considérons qu'il n'est pas aujourd'hui de bonne politique de revenir sur ce terrain-là alors même que les Corses votent à près de 70% pour l'ensemble des nationalistes et que peut-être d'autres chemins pourraient s'ouvrir dans les temps à venir, explique le chef de file du Partitu di A Nazione Corsa.
Et le conseiller territorial autonomiste d'ajouter : "pour notre part, nous pensons que le chemin ouvert depuis 2014 par le dépôt des armes puis confirmé en 2015 par notre accession aux responsabilités était le bon. Aujourd'hui, en juillet 2022, je le confirme, il n'y en pas d'autre pour le PNC. Donc que les uns et les autres fassent valoir un point de vue, c'est tout à fait acceptable, mais pas par ce biais-là qui n'est pas, à mon avis, de bonne politique."
Le maire de Porto-Vecchio estime "que l'on doit pouvoir parler des sujets qui fâchent, y compris de ceux qui sont abordés dans les termes du communiqué, et pour certains d'entre eux dans la société corse, mais sans adosser pour autant ces propos à une liste d'attentats revendiqués".
Pas de réaction de l'Exécutif
Dans le texte de quatre pages cosigné par les organisations "Union des combattants" et du "22 octobre, la majorité territoriale n'est pas épargnée. Sa gestion est qualifiée "d'hégémonique" par les clandestins qui présentent Gilles Simeoni comme "le chef désigné du rapport à la France".
"Il faudra qu'il soit en capacité de fédérer pour construire la route vers l'autodétermination en recherchant des synergies en Corse en en Europe plutôt qu'en France", estime le FLNC.
Peut-être une manière d'exhorter le président de l'Exécutif à davantage faire participer certains représentants indépendantistes aux discussions qui s'ouvriront le 20 juillet ?
"C'est à lui qu'il faut poser la question, répond Jean-Martin Mondoloni. C'est lui qui a reçu la confiance du suffrage universel. Il lui appartient de trouver les voies et les moyens pour cheminer sur le sentier de la paix d'abord et de la pacification des esprits ensuite."
Contactés, ni Gilles Simeoni, ni le président du groupe Fà Populu inseme, Jean Biancucci, n'ont souhaité réagir au communiqué. Idem du côté de Paul-Félix Benedetti pour Core in Fronte et du député Horizons Laurent Marcangeli.
"Violence politique inacceptable" pour le Parti Radical
Mercredi 13 juillet, la Fédération de Corse du Parti Radical a réagi dans un communiqué :
"À quelques jours de l’ouverture du cycle de discussions par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin nous tenons à réaffirmer que l’avenir de la Corse doit être débattu dans le dialogue et la sérénité, et certainement pas sous la menace d’un retour de la violence", affirme le parti qui indique "que la violence dite politique est inacceptable dans une société démocratique et qu’elle doit être combattue. [...] Les Corses l'ont clairement rejetée."
Pour les Radicaux corses, qui avaient soutenu Emmanuel Macron à la présidentielle, le "processus de démilitarisation" du FLNC a été interprété, à tort, par de nombreux observateurs comme un dépôt des armes". Et de conclure : "le Parti Radical appelle donc toutes les forces politiques à marquer de la manière la plus claire leur condamnation de tels agissements qui agitent le spectre d’un retour aux années noires pour notre île, et à bannir toute forme d’instrumentalisation de la violence."