Elle demande maintenant à être confirmée, mais les Hôpitaux de Paris ont obtenu des résultats prometteurs en utilisant cet anti-inflammatoire sur les patients qui présentent des formes "moyennes à graves" du Covid-19.
L'étude menée par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris sur le tocilizumab ne porte que sur 129 patients.
Et les polémiques sans fin autour de celle sur la chloroquine, menée par le docteur Raoult, à Marseille, nous ont au moins appris une chose.
Toute étude demande à être confirmée, et validée.
Mais le processus de l'étude, cette fois-ci, semble avoir été suivi scrupuleusement (comité de lecture indépendant, critères de choix des patients, état précis de chacun d'eux avant le traitement, comparaison avec des patients n'ayant pas reçu le tocilizumab..), ce qui incite à l'optimisme des chercheurs de l'AP-HP.
"C'est la première démonstration rigoureuse, exemplaire, par une méthodologie indiscutable d'essai randomisé contrôlé, d'un bénéfice clinique chez les malades sévères Covid", a déclaré hier Philippe Steg, en charge de la recherche à l'AP-HP, sur France Info.
Qu'est-ce que le tocilizumab ?
Quels malades sont concernés ?
Le professeur Olivier Hermine, lors d'une conférence de presse ,expliquait que l'anti-inflammatoire avait "diminué de façon significative le nombre de patients qui passent en réanimation ou qui meurent. On sait que quand on ne va pas en réanimation, on a beaucoup plus de chances de survivre."
Le tocilizumab n'attaque pas directement le virus, mais il semble être en mesure de freiner la réaction immunitaire de certains patients.
Une réaction qui, paradoxalement, aggrave considérablement leur cas.
Les médecins appellent cela les orages de cytokines. Un phénomène qui n'est pas rare durant cette épidémie.
Et que le tocilizumab pourrait freiner, en bloquant ces cytokines, et en empêchant la réaction inflammatoire.
Les orages de cytokines, qu'est-ce que c'est ?
Mais chez certains patients, elle est tellement importante qu'elle se retourne contre le système immunitaire, et peut provoquer de graves dégâts.
Les molécules sont libérées massivement, et peuvent s'attaquer à l'appareil respiratoire, au système neurologique, cardiovasculaire...
Et dans certains cas, provoquer le décès du patient.
« C’est la surprise de cette infection. Il se produit chez certains une deuxième phase de réaction excessive et anormale du système immunitaire et inflammatoire probablement mal contrôlée, » a précisé à Reuters Anne Goffard, professeure de virologie à la faculté de pharmacie de Lille et virologue au CHU de Lille.
Et maintenant ?
Difficile également de dire si le tocilizumab pourrait présenter le moindre intérêt pour d'autres formes du Covid-19.
Les scientifiques restent très prudents, mais c'est néanmoins une nouvelle avancée dans le traitement futur de l'épidémie.