Ce lundi matin, les représentants de la majorité territoriale se sont une fois de plus rendu Place Beauvau pour une réunion technique en vue de l’inscription de la Corse dans la Constitution. Mais à l’issue rien ne bouge.
Une énième réunion et à l’issue, toujours pas de fumée blanche place Beauvau. Il est 10h30 ce lundi quand les représentants de la majorité territoriale se présentent au ministère de l’Intérieur pour une nouvelle rencontre technique. À l’ordre du jour : l’évocation des contours et la rédaction d’un article spécifique à la Corse dans la Constitution, dont la révision est prévue avant la fin de l’année.
Si le contenant semble acté, il devrait s’agir d’un article 72-5, le contenu, lui, demeure flou. Une chose semble néanmoins claire, la collectivité de Corse n’aura pas le pouvoir de légiférer. Elle aura seulement la possibilité d’adapter les lois et les règlements dans certains domaines qui ne sont pas encore définis. Des annonces qui s’éloignent un peu plus des espérances des dirigeants nationalistes.
« C’est totalement insuffisant »
Après plus de deux heures d’échanges avec la ministre auprès du ministre de l’Intérieur, Jacqueline Gourault, le président de l’exécutif, Gilles Simeoni, et le président de l’assemblée de Corse Jean Guy Talamoni sont déçus.
« Il n’y a pas le mot autonomie, mais ce qui est plus important et plus grave encore, c’est qu’il n’y a pas le contenu de l’autonomie. On est donc très en deçà, non seulement de ce qui a été voté par les Corses en décembre dernier, mais également très en deçà de la délibération votée à une très large majorité par l’Assemblée de Corse. C’est un simple pourvoir d’adaptation, au coup par coup, largement identique à ce que sera le pouvoir de différenciation reconnu aux régions de droit commun qui est proposé à la Corse et aux Corses. C’est, à notre avis, totalement insuffisant pour répondre aux enjeux politiques, mais aussi aux besoins du quotidien », indique Gilles Simeoni.
Pas d’autonomie dans le marbre constitutionnel
Le fossé s’est creusé au fil des réunions entre les représentants nationalistes et le gouvernement. En témoignent les récentes déclarations de Jacqueline Gourault, la Madame Corse du gouvernement.
Invitée hier, dimanche, sur le plateau de Dimanche en Politique, elle a été interrogée sur le contenu de l’article relatif à la Corse. Elle a assuré que le mot « autonomie » ne serait pas gravé dans le marbre constitutionnel.
Pas de mot "autonomie" dans l’article sur la #Corse dans la #Constitution selon @j_gourault qui parle d'une collectivité qui dispose déjà beaucoup de compétences pic.twitter.com/uMnPzqL6Je
— DimancheEnPolitique (@DimPolitique) 18 mars 2018
Des propos confirmés ce lundi en réunion par la ministre. Pourtant, cette demande avait été formulée par la majorité territoriale dans sa proposition d’article adoptée par l’assemblée de Corse le 8 mars dernier.
Depuis leur réélection à la tête de la collectivité territoriale, l'autonomiede la Corse est l'un des points les plus sensibles des discussions entre l'exécutif insulaire et Matignon. Le Premier ministre, Édouard Philippe, a confirmé le 12 mars que l’île serait bien mentionnée dans « un article spécifique » de la Constitution, mais sans en dire davantage sur les intentions du gouvernement.
Samedi, le président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni a appelé Matignon à offrir davantage de garanties en matière de fiscalité du patrimoine, de protection du foncier et de reconnaissance de la langue corse, dans la perspective de la réforme constitutionnelle.