Conséquence directe du Covid19 sur la culture, cette année les ventes de livres sont en baisse. La casse a été limitée grâce à la mise en place de drive, mais les résultats fluctuent d'un libraire à l'autre à l'image de l'expérience de deux indépendants bastiais et ajaccien.
En mars dernier, lors du premier confinement, les librairies ferment leurs portes. Elles font partie de la longue liste des commerces dits non-essentiels.
Après de longues semaines de fermeture, certaines s'organisent et proposent leur service en drive. Le dispositif permet d'éviter la catastrophe, mais n'empêche pas la profession d'afficher un recul des ventes nationales de 3,3 % comparativement à 2019 selon les chiffres publiés par le syndicat de la librairie française.
À Ajaccio, les pertes de la librairie La Marge sont plus élevées que la moyenne. "Nous sommes sur une baisse de 5,2 % selon les calculs provisoires", indique Guy Firroloni, gérant de la librairie.
Si un Click and Collect est vite installé, il ne permet pas de rattraper les pertes. "Cela a mieux fonctionné en novembre lors du second confinement. Les gens étaient davantage sensibilisés et la pratique était rentrée dans les mœurs", précise Guy Firroloni.
"Un vrai coup de pouce"
Lory Massey, gérante de la librairie A Piuma Lesta à Bastia, a vécu des confinements beaucoup plus favorables. La jeune femme a fait partie des premières à tenter l'expérience du drive. "J'avais entre 70 et 80 mails à gérer par jour. C'était très chronophage et tous n'étaient pas forcément constructifs. J'ai eu beaucoup de mal à gérer, je pouvais travailler jusqu'à minuit", raconte-t-elle.
Une fois la commande enregistrée, Lory Massey s'attaquait ensuite à la préparation des colis. "Lors du second confinement, il y avait une trentaine de clients par jour au drive", se souvient-elle. Résultat la libraire enregistre une "très nette progression" de ses ventes, "environ 30 %."
Un succès que Lory Massey qualifie de "vrai coup de pouce" pour son commerce, ouvert il y a trois ans à peine. "Le drive a permis d'attirer une nouvelle clientèle qui est ensuite venue en magasin à la réouverture", note la jeune femme.
"La librairie est devenue un lieu culturel à sauvegarder"
En plus du succès, plus ou moins relatif, du drive, les libraires insulaires ont également observé une fréquentation exceptionnelle de leur magasin durant le mois de décembre. Ainsi, A Piuma Lesta a enregistré +50 % de ventes le mois dernier comparativement à l'année précédente. Du côté de La Marne, il est question d'un "chiffre d'affaires supérieur à la normale à cette époque-là."
Un phénomène qui n'est pas très étonnant pour Guy Firroloni. "Durant cette période la librairie est devenu un lieu culturel à sauvegarder, une sorte d'institution. À chaque fois qu'un tel commerce ferme, c'est vécu comme quelque chose de très fort. Il y a eu un sentiment d'appartenance, d'adhésion et de bienveillance autour des librairies avec une sorte de dimension patrimoniale où les gens se disent : 'c'est ma librairie, c'est à moi", analyse-t-il.
Dans l'île, quelques tendances d'achat se dégagent. Les deux librairies interrogées remarquent un intérêt des lecteurs pour les livres corses et le rayon littérature et plus particulièrement les prix littéraires.