En Corse, comme ailleurs, la population est confinée depuis le 17 mars et les commerces fermés. Mais face à une forte demande de leur clientèle, à Bastia et Ajaccio certaines librairies organisent des drives.
A Bastia, à l'arrière de la librairie A Piuma Lesta, vendredi et samedi après-midi, les mêmes gestes se sont répétés tous les quarts d'heure.
Une voiture arrive, Lory Massey sort de sa boutique, masquée et gantée, contourne une barrière de délimitation, tend un sac rempli de livres, puis le terminal de carte bancaire. Sa commande est livrée, elle n'a jamais eu de contact physique avec le client, elle fait demi-tour. Attend son prochain rendez-vous.
Une trentaine de clients en une demi-journée
Lory Massey est la première, en Corse, à avoir mis en place un système de drive "littéraire". "J'ai vu qu'une librairie de Lille y songeait. Et parallèlement je recevais beaucoup de messages de clients qui voulaient récupérer des commandes datant d'avant le confinement et d'autres qui souhaitaient des livres d'école pour leurs enfants. J'ai fini par me lancer, j'ai commencé vendredi [3 avril]", explique la libraire.
A chaque demi-journée d'ouverture du drive une trentaine de clients se sont succédé. Rien n'est laissé au hasard. "Ils passent commande sur le site où sont référencés tous mes livres, je prépare les paquets, fixe une heure de rendez-vous, et le jour dit je n'ai plus qu'à sortir pour leur remettre", précise Lory Massey.
Et s'il n'est pas question d'un effet confinement, la jeune femme estime qu'une après-midi de drive équivaut à une journée de travail en magasin, les échanges et les conseils en moins. "Là on est que lundi et j'ai encore une quarantaine de mails non traités", plaisante-t-elle.
"C'est primordial de rester connecté aux clients"
Face à une demande tout aussi forte à Ajaccio, la librairie La Marge organise également son drive.
Les premières commandes ont été livrées lundi 6 avril. "J'ai commencé à 9h30 et j'ai terminé à 17 h 30", souligne Ghislaine Caviglioli, directrice de la librairie. Ici aussi, pour respecter les mesures de distanciation sociale, tout est préparé à l'avance, il n'y a aucun contact direct avec les clients lors de l'échange, et le paiement se fait exclusivement par carte bancaire ou chèque.
Pour Ghislaine, ce système répond à une envie : "rendre service". "C'est primordial de rester connecté aux clients. Et puis c'est une aventure, on voit les comportements. C'est un moment particulier", livre-t-elle. Parmi les commandes, une demande spécifique se détache : les livres jeunesses. "On vient agrémenter les journées de confinement des enfants et des parents", complète la libraire.
Commerce extrêmement fragile
Comme tous les autres commerces non-vitaux, les librairies ont été priées de fermer leurs portes le 16 mars dernier afin de limiter la propagation du Coronavirus.
La question de l'impact du confinement sur ces établissements est déjà dans toutes les têtes. "Les librairies sont des commerces extrêmement fragiles. On se demande comment on va s'en sortir. Ce sont des interrogations qui frappent tous les métiers du livre. Ces questions, certains éditeurs se les posent aussi", confie Ghislaine.
Elle garde tout de même un espoir : que le confinement permette à certains de prendre du recul. Suffisament pour, peut-être, se tourner vers les livres.
Depuis le début du confinement, France 3 Corse Via Stella demande à des écrivains, musiciens, réalisateurs et acteurs culturels de l'île et d'ailleurs de nous donner, chaque jour, un conseil de livre, de film ou de série pour occuper ses journées sans sortir de chez soi :
Jours de livraison
- Bastia : les vendredis et samedis après-midi entre 14 h et 18 h.- Ajaccio : les lundis et vendredis (toute la journée).
Ces librairies proposent respectivement 9.000 et 35.000 références.