Un arrêt de la Cour de justice européenne assimile l’astreinte à domicile des pompiers volontaires à du temps de travail. Le temps maximum par semaine est de 48 heures, comment ces volontaires pourront-ils s'organiser ? C'est toute une profession qui s'interroge. Illustration en Haute-Corse.
Au centre de secours principal de Bastia, des pompiers volontaires sont de garde. Ils sont donc nombreux à exercer un premier métier. Et lorsqu’ils sont à la caserne, ils sont soit en repos, soit en congés.
En France, 78 % des pompiers sont volontaires. Le rapport est indispensable au service aux côtés des pompiers professionnels.
Sauf qu’une directive européenne pourrait tout remettre en cause. Elle régit notamment le temps de travail (48 heures par semaine maximum ; 11 heures de repos entre deux jours travaillés ; les congés).
« Problématique pour l’ensemble de la chaîne de secours »
Un arrêt de la cour de justice européenne veut maintenant l’appliquer aux pompiers volontaires. Ainsi, ils ne pourraient pas cumuler les horaires et le volontariat deviendrait inapplicable.
« Si demain on viendrait à ne plus contribuer à ce schéma de fonctionnement, les gardes seraient fortement impactées. On serait dans cette idée de ne plus pouvoir assurer nos missions de sapeurs-pompiers volontaires ce qui est assez problématique pour l’ensemble de la chaîne de secours et pour la population », soutient l'adjudant-chef Frédéric Bagnaninchi, pompier volontaire Centre de secours principal de Bastia, délégué section "spinghjifochi vuluntarii" au service d’incendie et de secours de Haute-Corse.
Jean-François Gaspari est commandant avec le statut de volontaire. Il est membre de la fédération nationale des sapeurs-pompiers, et se bat pour obtenir une dérogation.
Il ne mâche pas ses mots contre la directive. « Si elle est appliquée, c’est la chute du socle sécurité civile en France. Une dérogation serait compliquée, il faudrait se créer une nouvelle directive que l’on appellerait ‘Engagement citoyen’ », explique-t-il.
« Les délais vont s’allonger »
En attendant, dans les différents centres, l’inquiétude domine comme à Saint-Florent. Dans cette caserne, 60 pompiers travaillent à l’année, une dizaine sont des professionnels. D’autres centres ruraux fonctionnent, eux, seulement avec des volontaires.
Et ils ne pourraient pas faire sans. « Les délais vont s’allonger. Ça va être de 8 à 10 minutes au mieux. Il va falloir attendre que l’on réintègre la caserne. Lorsque vous avez un malaise cardiaque ou une détresse vitale, il faut compter trois minutes. Comment faites-vous ? », s’interroge le caporal-chef Germain Sermet, pompier volontaire au CSP de Saint-Florent et secrétaire général UNsa au SIS 2B.
Les pompiers professionnels et leur hiérarchie sont eux aussi vent debout contre la directive qui menacerait tout le système français de secours.