Ce jeudi, les élus de l'Assemblée de Corse sont réunis en session extraordinaire. Lors des questions orales, le groupe "Un soffiu novu" s'est interrogé sur les raisons de l'interruption des discussions avec Paris, ainsi que sur leur éventuelle reprise. Gilles Simeoni a répondu à Jean-Martin Mondoloni.
Jeudi 26 janvier, l'Assemblée de Corse est réunie en session extraordinaire.
Comme on pouvait s'y attendre, le processus de dialogue - pour l'heure interrompu - engagé avec Paris et le ministre Gérald Darmanin sur l'avenir institutionnel de l'île s'est invité dans l'hémicycle.
Dans la matinée, lors des question orales, le groupe "Un soffiu novu", qui souhaite voir ces discussions reprendre, a interrogé l'Exécutif à ce sujet. Ainsi que sur la méthode et les actions mises en place pour les mener.
"Vi seti presu una mustacciata di u ministru, qui vous a dit : où est votre projet pour la Corse ?, pointe Jean-Martin Mondoloni en regardant le président de l'Exécutif. Vous connaissez, comme moi, les 5-6 sujets où nous pouvons être prêts rapidement. Posons-les ! Il y a des sujets sur lesquels les Corses nous attendent et où nous devons montrer que nous sommes prêts. Partagez-vous cette analyse ?"
Gilles Siméoni répond : "Depuis notre dernière session, j'ai eu des contacts avec Gérald Darmanin, indique le président de L'Exécutif. Je lui ai dit qu'il y a un contexte judiciaire et politique et qu’il appartient à l’État de l'éclaircir. Ce sont des conditions sine qua non pour que la confiance revienne. Nous, nous voulons tourner la page des conflits et des drames. Il faut que l’État le dise et l’assume."
Se tournant vers le conseiller territorial de droite, le président de l'Exécutif ajoute : "vous me dites que nous sommes dans une phase d'hibernation. Non, nous ne sommes pas dans une phase d'hibernation, mais dans une phase d'incertitudes majeures."
"Pendant 7 ans, il n'y a pas eu un attentat."
Gilles Simeoni
Après avoir évoqué l'assassinat d'Yvan Colonna, les situations judiciaires d'Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri, celles des autres prisonniers dits "politiques" ainsi que le dossier du Fijait, Gilles Simeoni dit "attendre des actes et des paroles" de la part de l'État.
"On ne peut pas d’un côté construire un processus politique et de l’autre vivre au rythme de la logique de conflit qui s’alimente, explique-t-il. Pendant 7 ans, il n’y a pas eu un attentat (il insiste répétant la phrase). Aujourd’hui, d’ici, de là, il y a des destructions, des incendies ; c’est parce qu’on a redonné un espace à cette façon d’agir qui signifie aussi un recul de l’espérance démocratique ; l’État doit créer les conditions."
Et le président de l'Exécutif de développer : "on ne peut pas se lever chaque matin en se disant qu’il y aura peut-être une rafle sur des jeunes parce qu’ils ont participé à une manifestation. On ne peut pas supporter, même s’il y a des désaccords dans la famille politique nationaliste, voir des responsables d’une organisation politique publique être interpellés, gardés à vue et incarcérés. Il faut qu’on sorte de cette logique-là."
"Gérald Darmanin n'est pas dans le rôle d'un examinateur"
Le président de l'Exécutif poursuit : "Où est le projet, Jean-Martin ? Gérald Darrmanin n’est pas dans le rôle d’un examinateur qui doit distribuer des bons ou des mauvais points à un projet qui demanderait à recueillir l’unanimité de l’Assemblée de Corse. Il nous faut un statut d’autonomie. Pour cela, il faut une révision constitutionnelle. On ne va pas participer à un processus si on n’a pas un certain nombre de garanties .Y aura-t-il une révision constitutionnelle ? Si elle a lieu en 2024, elle doit concerner la Corse, car c’est la seule fenêtre de tir. Ça veut dire qu’avant la fin de 2023, nous devons avoir trouvé les voies et les moyens d’une solution politique globale. La méthode est claire, nous on sait où on veut aller."
"Nous attendons avec gourmandise, Monsieur le président, votre discours… de la méthode", répond non sans ironie Jean-Martin Mondoloni, faisant référence au traditionnel discours de politique générale de Gilles Simeoni censé ouvrir la session.
Dans sa prise de parole introductive, qui doit intervenir après les questions orales, le président de l'Exécutif devrait de nouveau aborder le processus de dialogue avec Paris.
Au micro de Dominique Moret, Jean-Martin Mondoloni est revenu sur son échange avec Gilles Simeoni :