Assises de Corse-du-Sud : "Douglas Leca était comme mon grand frère"

Depuis le 25 janvier, Julien Houillon, marginal, comparaît devant la cour d’Assises de Corse-du-Sud pour le meurtre de Douglas Leca, un autre marginal, le 27 mars 2015 à Ajaccio. À la barre, Dylan, un ami de la victime qu’il a rencontrée en foyer, dépeint le portrait de celui qu’il désigne comme son "grand frère".

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Dylan a 25 ans. Il a les cheveux bruns, courts, un peu trop longs sur la nuque, un petit anneau à l’oreille gauche, porte une veste de sport noire et un jean. Mercredi 26 janvier, il témoigne au procès de Julien Houillon, marginal, accusé du meurtre de Douglas Leca le 27 mars 2015 à Ajaccio.

Dylan était présent lorsque son "ami" meurt près de la gare. Interrogé par le président de la cour sur l’état de la victime après le départ de Julien Houillon, il sanglote. "J’ai essayé de lui donner les gestes de premiers secours que j’avais appris à l’école. J’ai fait tout ce que j’ai pu", déclare-t-il le visage rougi par l’émotion.

La cour reste silencieuse, plus aucune feuille ne bouge sur les bureaux. "Une semaine avant sa mort, il m’avait sauvé la vie. Quelqu’un m’avait blessé à la carotide, et il m’avait sauvé la vie. Et moi, une semaine après, je n’ai pas réussi", continue Dylan.

Des amis "dans la galère" qui veulent "s’en sortir"

Douglas et Dylan se sont rencontrés pour la première fois "au foyer". Le jeune brésilien, adopté par une famille corse, a deux ans de plus que lui. "Je suis arrivé là-bas un samedi, personne ne me parlait, ils se moquaient de moi parce que je prends des médicaments depuis que je suis petit. Douglas est venu et il m’a tout de suite parlé, j’étais normal pour lui. Il m’a accueilli les bras ouverts. Il était toujours gentil, il voulait toujours savoir comment ça allait. C’était comme un grand frère", livre le témoin.

Puis les deux jeunes hommes se perdent de vue. "Il m’a rappelé un jour, quand il a appris que j’étais à la croix rouge. On a commencé à se revoir." Comme Dylan, Douglas est à la rue.

"Dans la galère", les deux jeunes hommes veulent "s’en sortir". "Je dirais pas que la rue, c’est violent, même si parfois il y a des bagarres. Mais dans la rue soit tu trouves un ami pour t’en sortir, soit y’a toujours quelqu’un pour te tirer vers le bas. Quand t’as quelque chose à faire, il va te dire de rester pour boire encore, pour prendre quelque chose, et tu finis ici [devant une cour d'Assises ndlr.]. Douglas, c’était mon ami", décrit Dylan. Son ami et parfois, aussi, son protecteur. "Je me suis déjà pris la tête avec lui, mais c'est parce que j'avais fait des conneries. On n'en est jamais venu aux mains."

"Il pensait aux autres avant de penser à lui"

De la victime, Dylan se souvient de "son sourire, toujours sur les lèvres". "Il n'avait jamais eu d'embrouille, même avec les jeunes du foyer. Il n'a jamais fait de grosses conneries. Il ne méritait pas ça."

Alors que la cour continue de lui poser des questions, la tête prise par les souvenirs partagés avec Douglas, Dylan ne répond plus vraiment. Il persiste à honorer la mémoire de son ami. "À cette époque, je n'avais plus que lui. Il m'avait fait promettre de m'en sortir. C'était quelqu'un qui pensait aux autres avant de penser à lui."

Depuis le 27 mars 2015, Dylan se dit hanté par les faits. "Je n'arrive plus à dormir. Je pense à ça tous les soirs", confie-t-il en essuyant ses larmes. Néanmoins, il a tenu sa promesse et est sorti de la rue. Il lance fièrement à la cour : "Maintenant, je suis père de famille."

Le procès de Julien Houillon se tient jusqu'au 28 janvier. Les audiences se poursuivent jeudi avec les témoignages des parties civiles.

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