Ce mardi 25 janvier, Julien Houillon comparaît devant la cour d’Assises de Corse-du-Sud. Il est accusé du meurtre de Douglas Leca à Ajaccio en mars 2015. Durant la première journée d’audition, la cour s’est intéressée à la personnalité de l’accusé.
Un homme frêle, au teint pâle, les yeux clairs et le crâne rasé. Dans le box des accusés, Julien Houillon est souvent caché par les trois surveillants pénitentiaires qui l'entourent.
D'une voix calme, il prend la parole et s'adresse à la famille de Douglas Leca, assise au premier rang du public. "Je voudrais vous demander pardon. Je sais que ce n’est pas quelque chose d’excusable. Ce n’était pas voulu."
Ce mardi 25 janvier, s'ouvre son procès pour le meurtre de ce jeune marginalisé le 27 mars 2015 à Ajaccio. Au moment de l'altercation, Avenue Jean-Jérôme Levie, Julien Houillon reproche à la victime une relation sexuelle avec sa compagne d'alors. Douglas Leca reçoit un coup de couteau, au niveau de la cage thoracique, et décède une heure plus tard au centre hospitalier de la cité impériale.
L'accusé a toujours réfuté toute intention d'homicide. "C'est un geste qu'il a fait pour se dégager de cette rixe qu'il ne contrôlait pas. À aucun moment, il n'a voulu donner la mort", soutient Maître Laura Furioli, avocate de Julien Houillon.
"L'intention de tuer est évidente"
En 2020, un premier procès par défaut, l'accusé laissé libre ne s'était pas présenté, est organisé. La cour d'Assises de Corse-du-Sud le condamne alors à 20 ans de réclusion criminelle assortie de 10 ans de sûreté. Un verdict contre lequel Julien Houillon fait opposition lors de son arrestation en 2021.
Tout comme la victime, au moment des faits, Julien Houillon est sans domicile fixe. Depuis 2013, date son arrivée en Corse, il enchaîne les séjours psychiatriques à Castelluccio où il fait la connaissance de la victime. Douglas Leca, originaire du Brésil et adopté avec ses frères dans une famille corse, a alors 20 ans.
Ces proches, constitués parties civiles, ne croit pas à la thèse d'une mort donnée sans intention. "L'intention de tuer est évidente au regard du choix de toucher au cœur Douglas Leca et d'enfoncer l'intégralité de la lame du couteau qui en plus est un couteau pliable avec une bague de sécurité. Il a fallu le déplier et actionner la bague. Ça fait beaucoup d'éléments qui militent pour un acte volontairement homicide", estime Maître Marc Maroselli, un des avocats de la partie civile.
La violence, le cannabis, l'héroïne
À la barre, Julien Houillon décrit une vie à la Zola : une enfance marquée par la violence et par une relation chaotique avec son père. Il a deux ans lorsque ses parents se séparent et le placent chez ses grands-parents maternels. Des parents à qui il rendra rarement visite. Les deux ont refait leur vie. L’accusé a 6 demi-frères et demi-sœurs. "Mon beau-père et ma mère se battaient, il y avait beaucoup d’alcool, c’était pas évident, il y avait des problèmes d’alcool." Vers 14 ans, il rompt le contact avec son père qu’il qualifie également de "violent".
À la même période, il commence à consommer du cannabis. "Ça m’apaisait, je me réfugiais un peu là-dedans." En 2011, en couple, père de deux enfants et en CDI dans un commerce, il essaye l’héroïne. "Ça me permettait de travailler plus vite", le début d’un "cercle vicieux", commente le président. Il se sépare de la mère de ses enfants. "L’héroïne a pris le dessus sur moi", avoue-t-il. Une allocation d’aide handicapée lui est accordée. Les condamnations s’accumulent, huit entre 2005 et 2015, les séjours en psychiatrie aussi.
L'expert psychiatre, docteur Roger Franc, dépeint un homme émotionnellement instable, "qui présente des carences affectives et éducatives, et un possible sentiment d'abandon." Selon l'expert, Julien Houillon présente "un trouble de la personnalité borderline. Il a une mauvaise tolérance à la frustration avec une recherche immédiate de soulagement." Il continue : "Il est lucide et responsable au moment des faits."
Le procès doit se poursuivre jusqu'au 28 janvier, l'enquêteur et le médecin légiste sont attendus à la barre mercredi.