Selon une étude réalisée par l'Insée sur l'année 2022, les prix sont plus élevés de 7 % en Corse qu'en province sur le continent. C'est notamment sur les produits alimentaires que le surcoût est plus important. Depuis 2015, l'écart concernant l'ensemble de la consommation n'a cessé de se creuser.
Selon l'institut national de la statistique et des études économiques de Corse, le niveau général des prix à la consommation des ménages insulaires (hors loyers) est supérieur de 7 % à celui du continent (à l'exception de l'Île-de-France). Soit une augmentation de 3,5 points par rapport à 2015.
"Les prix sont supérieurs pour chacune des grandes catégories de consommation des ménages, exception faite de la spécificité liée au tabac, indique l'Insée de Corse. Les différences de prix s’échelonnent de +1 % pour la communication, en raison de prix uniformisés sur l’ensemble du territoire français, jusqu’à +14 % dans l’alimentaire. Dans le détail, les écarts sont de +10 % à +12 % pour des fonctions de consommation essentielles (viandes, laitages, fruits et légumes)."
Réalisée en mars et avril 2022, l'étude se base sur un écart calculé à partir d'une mesure synthétique des niveaux de prix entre la Corse et le continent (hors région parisienne). "L'écart tient compte à la fois des habitudes de consommation des ménages de province mais aussi de celles des ménages corses", indique l'Insée.
14 % d'écart sur l'alimentaire
Les résultats de l'Insée font apparaître un écart important concernant les prix des produits alimentaires. En moyenne, dans l'île, ils sont 14 % plus élevés qu'en province sur le continent.
"La consommation alimentaire représente 16 % de la consommation des ménages insulaires, souligne Antonin Bretel. Le chef de service chargé des études et de la diffusion à l'Insée de Corse émet certaines hypothèses pour expliquer cet écart de 14 % :
"Il y en a plusieurs, expose-t-il. L'une des hypothèses que l'on retient est notamment la problématique du transport. Il y a le fait que l'on habite sur une île, que l'on ait des structures de vente qui ne soient pas exactement les mêmes, peut-être davantage de petites structures également. C'est l'une des autres hypothèses qui permet d'expliquer les écarts de prix. L'absence de hard-discounter aussi peut être une des explications à ces écarts de prix importants entre la province et la Corse."
L'interview d'Antonin Bretel réalisée par Céline Lerouxel et Lionel Luciani :
Les écarts significatifs concernent la viande et les laitages, les fruits et les légumes ou encore les boissons non alcoolisées. "La différence est encore plus importante pour certains produits de base tels que le pain et les céréales, ou le sucre, le café, le thé et le cacao", précise l'Insée.
Tabac moins cher mais...
Si le surcoût est plus important sur les produits alimentaires, il est également conséquent dans la restauration, les dépenses du logement telles que l’ameublement, les assurances ou les charges liées à l’eau ou la gestion des déchets.
"Les prix dans l’hôtellerie et la restauration sont supérieurs de 11 %, précise l'Insée. L'écart est essentiellement porté par la restauration, tandis que les prix pratiqués dans l’hôtellerie sont proches de ceux de province."
Dans les secteurs de la santé, de la communication et des transports, les tarifs restent plus ou moins proches de ceux pratiqués en province.
À l'instar de l'alimentaire, les boissons alcoolisées coûtent plus cher sur l'île que sur le continent alors que le tabac reste encore à un tarif préférentiel en Corse.
"Au total, ces deux situations opposées conduisent à un prix des boissons alcoolisées et du tabac 6 % moins cher dans l'île", soulignent les statisticiens.
Pour rappel, depuis un décret impérial datant de 1811, la tarification du tabac est historiquement moins chère en Corse que sur le continent. L'an passé, le tarif était inférieur de 20 %.
Néanmoins, cela pourrait changer. En effet, comme le mentionne l'Insée, "cette tarification spécifique est désormais remise en cause, la convergence vers le tarif continental étant à ce jour prévue à l’horizon 2025".
Si l'effet du tarif spécifique concernant le tabac - pour les prix relevés en 2022 - était annulé, le poste de consommation regroupant les boissons alcoolisées et le tabac serait alors plus cher de 8 % dans l'île.
Et l'Insée de souligner que "l’écart de prix avec la province serait alors de +8 % au lieu de +7 % sur l’ensemble des biens et services consommés".