Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, des parlementaires de plusieurs groupes politiques demandent à ce que Pierre Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna, condamnés pour leur participation à l’assassinat du préfet Erignac, puissent purger le reste de leur peine à la prison de Borgo.
Le 31 décembre prochain, le Premier ministre Jean Castex devra décider si oui ou non Pierre Alessandri, Alain Ferrandi et Yvan Colonna doivent conserver le statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS). C’est ce statut qui empêche ces trois prisonniers, condamnés pour leur participation à l’assassinat du préfet Claude Erignac, le 6 février 1998 d’être détenus en Corse, où ils résidaient avant leur arrestation. Le statut de DPS est attribué aux détenus qui présentent une dangerosité particulière ou qui pourraient risquer de s’évader.
"Au nom du droit"
Ce vendredi 17 décembre, quatorze élus, corses et continentaux, prennent la parole dans le journal Le Monde. Ils demandent à ce que les trois détenus corses soient incarcérés à la prison de Borgo, "au nom du droit".
"Nous considérons que le droit, dans la République, doit s’appliquer à toutes et à tous, sans distinction aucune, de façon juste et équitable", écrivent-ils tout en insistant sur "la gravité extrême" des faits pour lesquels ils ont été jugés, pour lesquels "ne peuvent exister ni complaisance ni justifications".
L’évènement apparaît comme la suite logique de la réunion du 9 décembre dernier au palais Bourbon, entre plusieurs élus corses de la majorité territoriale Gilles Simeoni en tête, de l’opposition et des représentants des associations de défense des prisonniers politiques. Réunion lors de laquelle les députés présents avaient souscrit à l’idée de levée du statut de DPS et au rapprochement à la prison de Borgo des trois prisonniers.
Avant le 31 décembre, le premier ministre Jean Castex est tenu de s’exprimer sur la prolongation ou non, du statut de DPS d’Yvan Colonna, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri.
Une réunion cet après-midi à l’Assemblée de Corse
Pour Jean-Philippe Antolini, l’un des représentants du collectif Unità Strattegica, « l’ensemble de la représentation politique corse et aujourd’hui française que nous avons rencontrée, sont favorables au rapprochement et à la levée du statut de DPS. Nous ne comprendrions pas que le premier ministre en fasse autrement ».
Un propos conforté par Gilles Simeoni qui a reçu avec les représentants des quatre groupes de l’Assemblée de Corse, plusieurs membres d’Unità Strattegica cet après-midi à l’hôtel de la Collectivité de Corse. « Aujourd’hui ont été créées les conditions pour dire qu’au plan juridique et politique, grâce à la mobilisation et à l’apaisement des élus notamment, il n’y a plus aucun obstacle à la levée du statut de DPS. C’est la décision qui est fortement attendue ». Les craintes sont cependant nombreuses sur la prise en compte de la requête par le chef du gouvernement « les bruits qui nous reviennent sont plutôt défavorables » précise le président du Conseil Exécutif.
Parmi les signataires, Jean-Félix Acquaviva voit le mouvement prendre de l’ampleur dans les jours à venir « il n’y a pas de réponse pour le moment du gouvernement, mais il est important de constater que parmi les 14 parlementaires, il y a cinq présidents de groupes. D’autres députés vont nous rejoindre, des sénateurs dès le début de semaine et même plusieurs députés européens. C’est un cap politique et juridique important qui a été franchi ». Pour le député nationaliste « le gouvernement doit l’entendre, sauf s’il veut continuer dans un déni démocratique ».
Le 22 octobre, au cours d’une réunion extraordinaire, les conseillers territoriaux nationalistes et de droite avaient unanimement voté en faveur de la résolution solennelle relative au rapprochement immédiat des prisonniers condamnés pour l’assassinat du préfet Erignac. Une décision qui commence désormais à se faire une place au Parlement.
La liste des signataires de la tribune : Jean-Félix Acquaviva, député de la Haute-Corse, Libertés et Territoires ; Michel Castellani, député de la Haute-Corse, Libertés et territoires ; André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme, président du groupe Gauche démocrate et républicaine ; Paul-André Colombani, député de la Corse-du-Sud, Libertés et Territoires ; Jean-Jacques Ferrara, député de la Corse-du-Sud, Les Républicains ; Jean-Christophe Lagarde, député de Seine-Saint-Denis, président du groupe UDI et indépendants ; Bertrand Pancher, député de la Meuse, président du groupe Libertés et Territoires ; Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne, présidente du groupe La France insoumise ; Jean-Jacques Panunzi, sénateur de la Corse-du-Sud, Les Républicains ; François Pupponi, député du Val-d’Oise, MoDem et Démocrates apparentés ; Bruno Questel, député de l’Eure, La République en marche ; Valérie Rabault, députée du Tarn-et-Garonne, présidente du groupe Socialiste et apparentés ; Paulu Santu Parigi, sénateur de la Haute-Corse, Ecologistes - Solidarité et Territoires ; Antoine Savignat, député du Val-d’Oise, Les Républicains.