Depuis le mardi 2 octobre, le dépôt de bus de Muvistrada, à Ajaccio, est bloqué suite à un mouvement social. Il est mené par l’intersyndicale STC/FO qui proteste contre la mise à pied d’un chauffeur suspecté d’avoir menacé un usager.
Sur la grille du dépôt des bus Muvistrada, un drapeau STC est accroché. Une vingtaine de bus est parfaitement garée, gardée par une vingtaine de salariés. C’est le deuxième jour de blocage et aucun chauffeur n’a pris son service.
L’ensemble du réseau est paralysé. « Tous les chauffeurs nous suivent. Si on débloquait maintenant, je pense qu’il y aurait six bus dehors ce matin et quatre cet après-midi », lance Anthony Bartoli, secrétaire national du STC transports.
« Ce n’est pas nous qui bloquons »
Mardi 2 octobre, l’intersyndicale STC/FO a déclenché un mouvement social sans préavis. Elle dénonce la mise à pied d’un des chauffeurs après une plainte d’un usager disant avoir été agressé. « Il n’y a absolument aucune preuve, la version des faits change tout le temps, et une procédure de licenciement a été engagée par la direction », complète Anthony Bartoli.
Le plaignant, un touriste qui, depuis les faits, est retourné sur le continent, a décidé de témoigner. Il estime que les rôles sont inversés. Pour lui, les faits sont simples : il a été agressé verbalement, menacé de mort et harcelé par un chauffeur de Muvistrada.
Alors qu'il est en vacances avec sa femme et ses deux enfants, il prend le bus pour rentrer de la plage. « Il roulait très vite, il avait des écouteurs dans les oreilles et il avait déjà laissé sur le bord de la route une mamie de 95 ans. Je demande l'arrêt à ' Chapelle des Grecs' et il ne s'arrête pas. Je demande avec un peu plus de véhémence et il me répond : ' Toi tu vas marcher '. Il s'arrête et il nous lance : ' sales Français barrez-vous ' », raconte-t-il.
« Je n'ai rien contre les chauffeurs de bus »
Il explique avoir rencontré le même chauffeur, le lendemain, alors qu'il courait. L'homme aurait crié « Bouge pas ! », avant de sortir de son véhicule et lui courir après. Le touriste, après avoir prévenu Muvistrada et la communauté d'agglomération du pays ajaccien par mail, porte plainte contre le chauffeur sur recommandation de l'entreprise.
Quelques jours avant son départ, la famille recroise le chauffeur incriminé. « On était dans la rue, et il m'a crié depuis la fenêtre du bus : 'Toi, je sais où tu vas à la plage, on va t'attraper ' ». Le plaignant assure qu'il portera plainte une seconde fois pour harcèlement. « Je n'ai rien contre les chauffeurs de bus ajacciens, mais ce n'est pas possible de cautionner un tel comportement », conclut-il.
Selon les personnes présentes au dépôt, la direction n’aurait rencontré aucun syndicat. « Il est 10 h 30, c’est le deuxième jour de blocage et personne n’est venu », tient à souligner une femme. « Il faut expliquer aux Ajacciens que ce n’est pas nous qui bloquons, mais la direction par son silence », martèle Marcel Santini, secrétaire régional FO transports.
Tous l’assurent, s’ils obtiennent la levée de la procédure de licenciement, tout reviendra immédiatement à la normale. Pour le moment, la direction de Muvistrada n’a pas donné suite aux sollicitations.
Selon nos informations, mercredi, aucune sanction n'a été prise par le communauté d'agglomération du pays ajaccien contre le conducteur incriminé.