C'est la première prise de parole publique du président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, depuis trois semaines. Il revient sur les événements politiques de ces derniers jours et notamment l'élection d'Emmanuel Macron et le processus de discussion interrompu sur l'avenir institutionnel de la Corse.
Le Conseil exécutif de Corse donnait ce mercredi une conférence de presse pour évoquer les grands dossiers à l'ordre du jour de la prochaine séance de l'Assemblée de Corse, le 28 avril. Gilles Simeoni, qui est resté silencieux après l'annonce de la suspension des discussions avec Paris et durant la campagne présidentielle, a accepté de répondre aux questions de France 3 Corse ViaStella.
En réaction aux scores de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle en Corse (58% des votants sur l'île ont voté en sa faveur), le président de l'exécutif répond : "Bien sûr, le vote de Marine Le Pen, il faut le respecter parce que c'est l'expression du suffrage universel. Mais je le regrette, j'en suis triste et cela doit bien sûr nous conduire à nous poser un certain nombre de questions, y compris sur les réponses de fond à apporter, comme les antidotes puissantes aux thèmes de l'extrême droite."
"Ma position a été claire. En 2017 j'avais appelé à voter pour Emmanuel Macron pour faire barrage à Madame Le Pen mais aussi parce que le candidat Macron avait pris des engagements. Premièrement le rapprochement des prisonniers politiques, notamment des membres du commando dit Erignac. Deuxièmement la déclinaison en Corse du pacte girondin. On sait que derrière, ces engagements n'ont pas été tenus et qu'il y a eu pendant 5 ans une politique de mépris du suffrage universel avec enfin, mais à quel prix, des engagements à la suite de l'assassinat d'Yvan Colonna la perspective d'un processus qui lui-même a été suspendu et reste incertain dans son contenu. Donc en l'état de cette situation, ma position a été claire : pas un vote en ce qui me concerne pour Madame Le Pen mais pas de soutien bien évidemment non plus au candidat Macron, à chacun et à chacune de se déterminer en conscience. Ceci étant, il faut regarder maintenant devant. L'important c'est de réussir le processus de négociations à vocation historique et c'est ce à quoi nous allons nous atteler."
Tenir "très rapidement" une réunion avec Paris
Gilles Simeoni a-t-il été en contact avec Emmanuel Macron, depuis sa réélection ou avec Gérald Darmanin, qui avait été chargé du dossier Corse ? "J'ai eu des échanges sur le principe de tenir très rapidement la première réunion qui avait été renvoyée. Mon avis est qu'il faut qu'elle se tienne avant le 20 mai. Il faut qu'elle permette de mettre autour de la table le ministre Darmanin s'il est confirmé dans sa mission vis-à-vis de la Corse, les élus de la Corse, pour définir un calendrier, une méthodologie de travail qui permette d'impliquer l'ensemble des élus et l'ensemble des forces vives et les différentes thématiques qui ont vocation à être abordées. L'idée, c'est que sans attendre les élections législatives, nous puissions continuer à discuter, engager le travail de fond et construire par le dialogue démocratique la solution politique que les corses dans leur très grande majorité attendent et espèrent."
L'un des enjeux, notamment pour les nationalistes c'est l'union, sur les demandes à faire à Paris : "En ce qui concerne le processus, mon objectif et celui de la majorité territoriale sont clairs, c'est de faire converger le plus largement possible, notamment autour d'un statut d'autonomie et ses déclinaisons opérationnelles, mais plus globalement autour de l'ensemble des réponses à apporter dans le domaine institutionnel, historiques, symbolique, économique, social, linguistique, faire converger le plus grand nombre possible de Corse. Bien sûr les nationalistes; mais au-delà, pour être dans une position de force."
Mise à jour du 28 avril : ce jeudi, à l'Assemblée de Corse, le président du conseil exécutif a confirmé qu'une réunion était prévue avec Paris les 18 ou 19 mai prochains avec "le ministre Gérald Darmanin s'il est confirmé dans la mission qui lui a été donnée en amont de l'élection présidentielle."
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