Marine Le Pen en tête de la présidentielle en Corse : un résultat difficile à expliquer pour les nationalistes

58 % des voix pour une candidate opposée radicalement aux idées nationalistes corses... Le scrutin national dessine le profil d'une Corse bien différente de celle qui apparait lors des scrutins locaux. Gilles Simeoni, le président de l'exécutif, n'a toujours pas réagi à ce résultat.

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Comment expliquer que la Corse, qui a voté pour les nationalistes à près de 70 % aux dernières territoriales, en juin 2021, offre une telle victoire à Marine Le Pen, qui n'a jamais caché son hostilité aux aspirations nationalistes ?

Equilibriste

En Corse, la candidate du Rassemblement National l'emporte sur le président sortant avec 77.732 voix, soit 58,08 % des suffrages exprimés. Devant l'ampleur des dégâts pour le camp nationaliste, certains de ses élus ont chercher à fournir quelques clés de lecture. 

Jean-Christophe Angelini, maire de Porto-Vecchio, a répondu à nos questions quelques minutes après le dépouillement, qui laissait apparaître une victoire de Marine Le Pen avec 57 % des suffrages dans sa commune. Mais, pour le leader du PNC, "il ne faut pas dramatiser"

"Il y a eu un nombre très important d'abstentionnistes [40 % - NDLR], et beaucoup de bulletins blancs, de bulletins nuls, d'enveloppes vides... C'est un résultat qui, à mon avis, est avant tout le résultat d'une incompréhension longue de cinq années, bien plus qu'un vote d'adhésion en faveur de Marine Le Pen".

Voter contre

Une Corse qui ne serait pas pour l'extrême-droite, mais contre Emmanuel Macron, c'est le scénario que veulent privilégier les nationalistes, autonomistes comme indépendantistes.

Ainsi, pour Paul-Félix Benedetti, de Core In Fronte, "il y a un vote de rejet, un vote anti-système, qui se manifeste par le vote Le Pen. Si Mélenchon s'était trouvé face à Macron, c'est Mélenchon qui aurait obtenu un vote majoritaire". Pour autant, au premier tour, en Corse, Marine Le Pen a recueilli 28,58 % des suffrages, contre 13,37 % pour Jean-Luc Mélenchon, ce qui laisse supposer un ancrage réel des idées qu'elle porte. 

Paul-Félix Benedetti rappelle également qu'un électeur insulaire sur trois ne s'est pas déplacé, ce qui relativiserait le score du RN, mais il aurait aimé que l'appel au boycott lancé par son parti et Corsica Libera soit plus suivi. Et qu'il soit repris par les autonomistes. "Ce chiffre de 39,14 % d'abstention n'est pas à la hauteur d'une position homogène de la famille nationaliste, qui aurait pu choisir de ne pas participer massivement..." Femu et le PNC apprécieront. 

Corsica Libera, pour sa part, n'a fait aucun commentaire sur le résultat de la présidentielle. Hormis des compliments adressés à la commune nationaliste d'Alzi, qui semble avoir suivi, elle, le mot d'ordre de boycott. 

C'est la seule commune de France qui n'a pas donné la moindre voix ni à l'un, ni à l'autre des candidats. Et pour cause. 97,06 % des 34 inscrits n'ont pas fait le déplacement jusqu'à la mairie. Et le seul bulletin glissé dans l'urne était nul...

Discrétion

Reste Femu, et Gilles Simeoni, le principal interlocuteur du gouvernement dans les discussions qui ont vu le jour au lendemain de l'agression meurtrière d'Yvan Colonna. 

Durant toute cette séquence des présidentielles, le président de l'exécutif s'est fait remarquablement discret. Et dimanche 24 avril, pour le deuxième tour, il s'est contenté d'un bref passage au bureau de vote, sans prendre aucun bulletin sur la table, et sans faire le moindre commentaire.

Au lendemain du scrutin, il a, sans surprise, voulu se projeter dans le futur, et l'attente d'une prochaine reprise des discussions qui avaient été initiées avec l'Etat. En ce qui concerne le score du RN en Corse, il y voit également les conséquences de l'attitude supposée de Paris vis-à-vis de l'île durant les cinq dernières années. 

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