Pour faire face à la baisse des températures, les préfectures de Corse ont adopté un dispositif spécial pour l’hébergement d’urgence des SDF. A Ajaccio, il y a deux à trois fois plus de gens qui vivent dans la rue que de places pour les abriter la nuit.
Depuis lundi, jusqu'à ce mercredi, des bénévoles tenteront d’amener les sans-abris au chaud, dans un gymnase réquisitionné. Ils seraient entre 100 et 120 à Ajaccio. Le dispositif grand froid, c'est 36 lits supplémentaires qu'il faut d'abord faire connaitre : « Ils ne connaissent pas l’endroit, ils ne savent pas comment ils vont être hébergés, qui va les accueillir. Et du coup ils ont un peu de réticence pour cette soirée mais je pense que demain, peut-être les jours à venir, le bouche à oreille aura fait qu’on pourra remplir peut-être pas 36 mais au moins vingt places », estime Marie-France Andreozzi, responsable d’accueil du dispositif grand froid à la Croix-Rouge.
L'endroit que les sans-abris fréquentent habituellement c'est l'Alba, le centre d'hébergement d'urgence social inauguré il y a 3 ans. Lundi dès 17 heures, les 30 chambres étaient occupées, réservées. 15 jours de suite seulement. Après, il faut partir, ressortir, au moins pour huit jours.
« L’idée, c’est de pouvoir avoir un turnover qui s’effectue, c’est que tout le monde à un moment donné puisse avoir le répit pour venir se reposer au centre d’hébergement d’urgence avec un repas chaud, un petit-déjeuner, une chambre et une douche individuelle. », explique Anthony Mettler, directeur de l'Alba.
Pas d'accueil de jour
Le dispositif grand froid suspend, pour quelques jours, ce turnover de la grande pauvreté.Dispositif spécial ou pas, tous les matins, le centre ferme à 8 heures, comme le gymnase. La journée, les SDF doivent retourner à la rue.
Malgré le grand froid, le centre d’accueil de jour, le Falep, n’est pas encore ouvert. En 5 ans, le local pour l'accueil de jour des SDF a changé trois fois d'adresse. Des pétitions d'habitants l’ont forcé à déménager et il affiche une dette de 700.000€.
« Certaines difficultés s’amoncèlent et c’est parfois difficile à la fois de trouver des solutions pour la gestion propre de son établissement et en même temps gérer les usagers qui sont à la porte et qui, effectivement, par ce moment particulier de grand froid peut poser des problèmes », explique Jean Michel Simon, directeur adjoint du Falep 2A.
C'est l'Etat qui gère l'hébergement de l'urgence sociale, avec une enveloppe annuelle de 2 millions d'euros pour la Corse-du-Sud. Malgré le tableau difficile, la situation ne devrait pas changer beaucoup.
Hébergement durable
« L’idée n’est pas d’augmenter la capacité d’accueil en urgence mais de conduire les gens vers un dispositif d’hébergement durable », explique Laurent Larivière, directeur adjoint à la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations.Un pari qui n’est pas gagné. Dans la ville et ses abords ce qui semble durable c'est l'extension de la très grande précarité.
