6 buts en une mi-temps, un scénario haletant, et surtout, une remontada inédite pour cet ACA - Strasbourg passionnant. Pour les Ajacciens, une belle manière de fêter comme il se doit leur 500e match en Ligue 1, et les vingt ans de leurs supporters, l'Orsi Ribelli. Mais surtout l'occasion d'engranger de la confiance pour la suite de la saison.
Il valait mieux ne pas être cardiaque, cette après-midi, si l'on est supporter de l'ACA.
La première mi-temps livrée par Olivier Pantaloni et ses hommes s'est apparentée à un grand huit émotionnel qui restera dans les mémoires.
Pour l'ACA, qui affiche 2 victoires à peine en 13 rencontres, l'enjeu de cette réception de Strasbourg était assez évident. Gagner, enfin, pour se donner un peu d'air, et éviter d'endosser le costume, très inconfortable, de relégable tout désigné...
Un début catastrophique
Après cinq minutes de jeu à peine, monsieur Vernice siffle un coup franc à l'entrée de la surface pour le RC Strasbourg, à la suite d'une main d'Ismaël Diallo. D'une frappe imparable, au ras du poteau gauche de Leroy, Bellegarde ouvre le score pour les visiteurs (0-1).
Cela ne pouvait plus mal commencer.
Coutadeur et ses coéquipiers savent qu'ils n'ont pas droit à l'erreur, et prennent le jeu à leur compte, sans se laisser le temps de cogiter. Présents aux abords de la surface alsacienne, ils ne parviennent pourtant pas à se procurer une action dangereuse.
Et sur l'un des rares contres strasbourgeois, tranchants et précis, à la 17e, Djiku adresse une longue ouverture pour Gameiro, qui amortit, de la poitrine, dans la course, et double la marque d'un lob superbe. (0-2)
Pour les observateurs, et même quelques supporters, assommés par un tel scénario, la messe est dite. l'ACA, qui marque très rarement sur ses terres depuis le début de saison, et n'a pas encore gagné à François-Coty, semble condamné à essuyer une nouvelle déconvenue.
Dix minutes survoltées
Mais les statistiques, en football, sont faites pour être démenties. Après quelques timides tentatives qui peinent à faire trembler Sels, le gardien alsacien, un centre de Youcef Belaïli, à la 29e minute, est repoussé par Delaine. Devant la contestation virulente des Ajacciens, qui dénoncent une main alsacienne, l'arbitre demande l'assistance vidéo, faisant naître un timide espoir dans les tribunes ajacciennes.
la sanction, après trois minutes de flottement, tombe enfin. Penalty pour l'ACA. Belaïli se présente aux 11 mètres, et d'une frappe plein centre, à la 32e, réduit l'écart avec les adversaires du soir (1-2).
Alors que le stade explose de joie, Olivier Pantaloni, sur le banc, reste imperturbable. Il sait que le plus dur reste à faire. C'est toujours une défaite, pour l'heure, qui tend ses bras à l'ACA.
Mais ni l'entraîneur ajaccien, ni personne, n'auraient pu prévoir les quelques minutes de folie qu'annonçait ce premier but des bianchi è rossi.
A la 34e, El Idrissy reçoit un ballon d'Hamouma dans la surface, dos au but adverse. Il contrôle, se retourne, et d'une frappe sous la barre, égalise (2-2).
Le match, brutalement, a changé de rythme, et les Ajacciens, galvanisés par leur égalisation, multiplient les offensives. A la 36e, Belaïli, encore lui, pique son ballon devant Sels, mais le gardien strasbourgeois, du bout des doigts, détourne le cuir.
Strasbourg est assommé, littéralement, par ce brutal basculement. Une minute à peine après son occasion manquée, Belaïli, encore lui, est victime d'une faute de Delaine, encore lui, et après un passage par la VAR, encore elle, c'est un nouveau penalty pour l'ACA !
Un penalty transformé par Belaïli, qui donne l'avantage aux siens à la 40e ! (3 - 2).
Alors que les supporters, encore incrédules, n'auraient jamais imaginé virer en tête au retour aux vestiaires, l'ACA va s'offrir le plaisir d'enfoncer le clou, durant les arrêts de jeu. Belaïli, qui d'autre ?, part sur son aile, écarte son vis-à-vis, centre pour Nouri, qui marque un quatrième but (4-2) !
La Var, douzième homme
Les strasbourgeois ont mis à profit les quinze minutes d'interruption pour retrouver leurs esprits, et semblent décidés à jouer crânement leur chance.
Au fil des minutes, ils prennent le jeu à leur compte, et se montrent de plus en plus dangereux, sans pour autant se procurer d'occasion franche.
Et à la 61e, Hamouma prend la profondeur, entre dans la surface, où il est bousculé par Le Marchand. Après un détour devant l'écran de la Var, c'est un troisième penalty sifflé par monsieur Vernice !
Cette fois-ci, cela ne sourira pas aux locaux. Youcef Belaïli frappe à côté. Mais personne, au vu du match que le milieu offensif accomplit depuis le coup d'envoi, ne songe à le lui reprocher.
Il ne faudra pas attendre longtemps pour que la Var, décidément acteur principal de ce match, s'immisce une nouvelle fois dans les débats, à la 78e. En faveur, une fois n'est pas coutume, du RC Strasbourg, pour une faute sur Mothiba en dehors de la surface.
Une faute commise par Vidal, qui venait de prendre un carton jaune une minute plus tôt, après une faute sur Habib Diallo. Une faute qui lui vaut cette fois-ci un rouge, en raison de sa position de dernier défenseur, et une expulsion.
Il reste un peu plus de dix minutes, et les acéistes sont réduits à dix, mais bénéficient toujours de deux buts d'avance. Reste à tenir le coup.
Faisant preuve d'une abnégation et d'une volonté remarquables, les hommes de Pantaloni vont faire front, devant leur but, et parvenir à arracher la victoire. Une victoire qui est déjà historique, au vu de son scénario complétement fou, mais qui pourrait également marquer un nouveau début pour les Ajacciens.
En attendant les résultats des autres rencontres de cette 14e journée de championnat, ils se sont extirpés, enfin, de la zone rouge. Mais ils ont surtout signé le genre de performance qui soude un groupe, et peut lui donner des ailes.