La métropole d'Ajaccio serait dotée de compétences élargies par rapport à l'actuelle Capa (communauté d’agglomération du pays ajaccien), au détriment de la Collectivité de Corse. Un fait qui explique en partie les crispations. Reste qu'avec seulement 90.000 habitants, le pays ajaccien ferait figure d'exception parmi les métropoles françaises.
Lancée par Emmanuel Macron en septembre dernier, l’idée de créer une métropole à Ajaccio, voire une seconde à Bastia, serait une dérogation majeure aux textes initiaux de 2010 et 2014 qui créaient les métropoles en France.
Ainsi, il était écrit que ce statut convient aux ensembles de plus de 400.000 habitants dans une aire urbaine qui en compte plus de 650.000. Certes depuis, sur la vingtaine de métropoles créées, certaines sont plus petites, comme Brest, qui compte tout de même près de 220.000 habitants.
Des compétences actuellement assurées par la collectivité de Corse
Viennent ensuite les compétences de ces métropoles, financées en très grande partie par l’État. Elles sont très larges et concernent :
- La gestion des zones d’activité industrielles, commerciales et touristiques
- La valorisation du patrimoine naturel, la lutte contre la pollution
- Transport et mobilité
- Assainissement des eaux usées
- Traitement des déchets
- Actions en faveur du logement social
- Gestion des grandes infrastructures comme les ports et aéroports.
Néanmoins, certaines de ces compétences dont les plus importantes sont actuellement assurées par la collectivité de Corse (Cdc). Leur transfert pourrait satisfaire le patron du parti Horizons à l’Assemblée nationale et ancien maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, mais pour le politologue Andria Fazi ce nouveau partage du pouvoir local pourrait ne pas déranger que la Cdc.
« Devenir une métropole, ça suppose beaucoup de compétences supplémentaires à assumer qui seraient retirées pour certaines à la Cdc, mais qui pour d’autres seraient retirées aux communes membres. Or, je ne suis pas certain que les communes membres aient été dûment consultés à cette heure. Cela concerne les domaines comme l’urbanisme, les communes membres de la métropole perdent beaucoup de compétences. »
Un contre-pouvoir ?
La métropole d’Ajaccio est présentée comme un nécessaire contre-pouvoir à la Cdc. L’Élysée et Matignon tenteraient-ils donc de diluer le poids des nationalistes au profit de certains élus de droite. Andria Fazi trouverait le calcul assez peu pertinent.
« Est-ce que l’autonomie va forcément contre les valeurs politiques de la droite corse ? La réponse est complexe, certains n’en ont pas peur, d’autres en ont plus peur. On peut rappeler que l’une des autonomies les plus larges de la République française, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie, a été négociée par des gouvernements locaux de droite et ils ne se sont pas plaint de cette autonomie par la suite. Aujourd’hui il y a une question de positionnement qui va au-delà du simple arrangement, du simple échange de bon procédé. Je l’espère. »
Le projet de métropole ajaccienne, déjà en partie ficelé, peut sembler étonnant quand on sait que la métropole d’Aix-Marseille-Provence totalisera bientôt 1.8 million d’habitants, 92 communes, sur un territoire plus vaste que Londres, Berlin ou New York.