Après sept ans de travaux, le nouvel hôpital d'Ajaccio, situé au Stiletto, va ouvrir ses portes. Jean-Luc Pesce, directeur de l'établissement, répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.
Sur le nouveau site du centre hospitalier d'Ajaccio, les couloirs et les services de soins sont encore vides. Seuls circulent des dizaines de transporteurs qui essaient, avec plus ou moins de difficultés, de déposer les bons cartons devant les bonnes portes.
Depuis quelques jours, c'est tout un hôpital qui déménage. Une opération qui devrait durer un mois.
Jean-Luc Pesce, directeur du centre hospitalier d'Ajaccio, répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.
- Concernant le déménagement, où en est-on ?
Le déménagement a commencé le 10 janvier dernier, par celui du Samu, de la régulation. Ça s’est très bien passé. Maintenant, on régule le Samu depuis le nouvel hôpital. Nous continuons le déménagement qui va se dérouler sur plusieurs semaines. Aujourd’hui, ce sont les services administratifs, logistiques et techniques. Cela devrait s’étaler sur la semaine.
- Craignez-vous une certaine confusion quant à la durée de ce déménagement entre l’ancien et le nouveau site ?
Pas du tout. Les choses vraiment sérieuses, pour un hôpital vont commencer dans le courant de la semaine prochaine. Puisqu’on a commencé à déménager les services, mais au niveau technique : pharmacie, imagerie, laboratoire. Ensuite, on déménagera, les 30 janvier et 1er février prochains, les patients des services de soins critiques. Étape importante le 31 janvier prochain avec l’ouverture des urgences. À cette date, le premier patient externe va intégrer l’hôpital, et les femmes enceintes seront également accueillies sur le nouveau site à cette date.
- On sait qu’une forte croissance démographique touche le grand Ajaccio, est-ce que ce nouvel hôpital sera adapté à l’augmentation de la population ?
Pour l’instant, on pense que oui. Bien entendu, un hôpital est fait pour évoluer, mais à date, l’établissement va gagner quelques lits de médecine, va aussi trouver des alternatives à l’hospitalisation traditionnelle. Nous doublons notre service ambulatoire, nous créons un hôpital de jour de médecine.
Car aujourd’hui, la patientèle réclame du soin, de la prise en charge en urgence, mais aussi des moyens de prise en charge plus légers. Et aujourd’hui certaines pathologies peuvent être prises en charge en ambulatoire avec une entrée le matin et une sortie le soir. On a modernisé nos murs, il faut aussi que l’on modernise nos pratiques.
- La problématique corollaire, c’est le manque de personnel…
On aurait préféré déménagé dans une période où il n’y avait pas de souci, comme c’est le cas depuis quelques années, pour trouver des soignants, notamment des personnels infirmiers et aides-soignants. Aujourd’hui, c’est un marché qui se tend, voire qui est même en pénurie sur l’ensemble du territoire pour différentes raisons. On aurait aimé avoir un nombre de personnels, plus important pour réaliser ce déménagement.
Si nous ouvrons avec le même nombre de lits que nous avons dans l’ancien établissement, nous avons un certain nombre de projets nouveaux que l’on avait prévu d’intégrer au nouvel hôpital qui demanderont un peu de temps avant de pouvoir être mis en place. Par exemple, on avait prévu un hôpital de jour de huit places, dans un premier temps il sera ouvert avec moitié moins de places.
- L’autre aspect, c’est l’accès routier à l’hôpital, ainsi que le stationnement, est-ce qu’on peut faire un point ?
Concernant le stationnement, on augmente de manière très sensible notre capacité de stationnement, à la fois pour les visiteurs et pour le personnel. On aura plus de 900 places tracées au sol, là où on en avait un peu plus de la moitié sur l’ancien hôpital.
Sur l’accès, il y a déjà eu des travaux sur la partie sud de la Rocade. On a doublé les voies, c’était aussi en prévision de l’arrivée de l’hôpital. Sur le reste, je sais que des projets sont en cours. Je voudrai simplement rappeler qu’aujourd’hui pour accéder à l’ancien hôpital en plein centre-ville, notamment aux heures d’ouverture et de sortie des écoles, ce n’était pas simple d’accéder à l’hôpital. Aujourd’hui, même si on aimerait avoir des quatre voies partout, il me semble que les accès sont nettement améliorés.
- Le chantier était chiffré à 130 millions d’euros, il y a eu des surcoûts…
Il n’y a pas eu de surcoût sur le chantier en tant que tel. On a respecté notre enveloppe. Les seuls surcoûts que l’on va générer, mais ils sont aussi couverts, c’est l’extension de réanimation pour laquelle on est financé à 100 % dans le cadre du Plan France Relance. Le montant du chantier est de 130 millions d’euros et ça n’a pas été dépassé.
- Le chantier a également pris beaucoup de retard, comment peut-on l’expliquer ?
Lorsque l’on démarre un chantier hospitalier, la moyenne nationale, c’est cinq ans. Le premier coup de pioche de cet hôpital, c’est au premier semestre 2015. Ceux qui ont annoncé, peut-être un peu imprudemment 2017, ont été facilement démentis par les faits. On ne construit pas un hôpital en deux ans. La date minimum, en suivant la moyenne, c’était 2020.
On oublie aussi que l’on a augmenté les surfaces. On passe d’un ancien hôpital de 23.000 mètres carrés. Le premier projet, c’était un hôpital de 38.000 mètres carrés et au fur et à mesure de l’évolution de ce chantier, on est passé à un hôpital de 60.000 mètres carrés. Donc on n’ajoute pas des mètres carrés impunément sans prendre un peu de temps.
Et puis il y a eu le Covid. Le Covid, ce n’est pas seulement trois mois d’arrêt. C’est un chantier qui s’arrête brutalement et pour reprendre un chantier comme celui-là, ça ne se fait pas en trois semaines. Le chantier a été freiné quasiment pendant un an. On a eu quand même pas mal de bonnes raisons pour expliquer ce contretemps.