Grand Maître du Grand Orient de France, Guillaume Trichard est actuellement dans l'île pour célébrer l'anniversaire de la vieille loge insulaire l'Émancipation ajaccienne. L'occasion d'évoquer avec lui la place de la franc-maçonnerie en Corse, ainsi que certaines thématiques de société comme le processus d'autonomie.
Plus ancienne obédience maçonnique du pays, le Grand Orient de France "défend l’idéal républicain, en particulier les valeurs de la démocratie, la laïcité, la solidarité, la dignité humaine", comme le mentionne son site internet.
Depuis ce vendredi, son Grand Maître, Guillaume Trichard, est à Ajaccio. Élu en août dernier, il effectue une visite de trois jours en Corse afin de célébrer les 120 ans de l'Émancipation ajaccienne, une vieille loge insulaire.
Dans l'île, le GODF compte près de 500 frères et sœurs répartis sur 14 loges (sept en Corse-du-Sud, sept en Haute-Corse). Une présence plutôt importante sur un territoire qui compterait "entre 60 et 80 loges" toutes obédiences confondues. Une manière de rappeler l'influence de la franc-maçonnerie dans l'île qui aurait aussi joué un rôle lors de discussions politiques antérieures concernant la Corse.
À l'issue de la Tenue qui s'est déroulée dans un temple maçonnique de la région ajaccienne, Guillaume Trichard a répondu aux questions de France 3 Corse.
France 3 Corse : Dans quel cadre s'inscrit votre venue en Corse ?
Guillaume Trichard : Je suis venu participer aux 120 ans de la loge l'Émancipation ajaccienne. C'est l'occasion pour moi d'être au contact des frères et sœurs, de les rencontrer, d'échanger avec eux sur leurs préoccupations dans la vie de tous les jours.
Vous êtes à Ajaccio pendant deux jours. Quel est le programme de cette visite ?
Je vais rencontrer des frères, des sœurs, des différentes loges. On va débattre de tous les sujets, parler de la situation nationale et internationale. Vous savez que les attentats terroristes islamistes ont frappé la France, ont frappé Bruxelles, ont frappé Israël et évidemment, la laïcité est menacée dans notre pays et sur ces sujets-là comme sur le sujet de la fin de vie, Eh bien nous allons échanger, débattre tous ensemble.
Selon vos chiffres, il y aurait environ 500 membres rattachés au Grand Orient dans l’île, répartis sur 14 loges. Peut-on dire que la Corse est une terre maçonnique ?
Oui. La Corse est une terre très dynamique en matière de franc-maçonnerie. Le Grand Orient y compte 500 frères et sœurs répartis en 14 loges. Ensuite, il y a évidemment les loges des autres obédiences. On estime donc entre 2000 et 2500 frères et sœurs en Corse, et entre 60 et 80 loges réparties sur toute l'île.
Actuellement, un processus de discussions sur l’avenir institutionnel de la Corse est en cours entre les élus insulaires et le Gouvernement. Il y a une vingtaine d’années, lors d'un précédent processus, en l'occurrence celui de Matignon, certains maçons auraient œuvré en coulisses lors des pourparlers...
Écoutez, cela appartient au livre d'histoire. Ce qui est important, c'est l'histoire de la Corse. Je crois qu’il y a un fait corse et donc la spécificité de l'île, son histoire, sa culture, font qu’il y a en franc-maçonnerie des frères et des sœurs qui s'intéressent évidemment à l'avenir et au devenir de la Corse et s'impliquent à titre personnel sur ces sujets.
Des maçons pourraient donc s’impliquer dans le processus actuel concernant une éventuelle autonomie de la Corse ?
Le Grand Orient de France, lui, ne jouera pas de rôle institutionnel en la matière. Il y a un processus démocratique qui est en cours, qui doit d'ailleurs intégrer toutes les parties prenantes. Évidemment, mais je crois que c'est assez naturel, comme dans toutes les familles de Corse ou de France, on parle des sujets politiques. Et comme dans les loges, il y a certainement des opinions très diverses sur le sujet.
Pensez que l'autonomie pourrait remettre en question le principe d'indivisibilité de la République ?
L'indivisibilité de la République, ça ne veut pas dire l'invisibilité des cultures. Comme je vous l'ai dit, il y a un fait corse et je crois que la culture corse participe à la richesse de cette République. Il n’y a donc pas d'uniformisation. La République est riche de ces cultures.
L'interview vidéo de Guillaume Trichard réalisée par Caroline Ferrer et Jennifer Cappaï-Squarcini :