Instance d'expertise scientifique et technique, compétente en matière de protection de la biodiversité, le CNPN a rendu un avis défavorable concernant l'implantation d'un centre de stockage des déchets à Giuncaggio. Les associations opposées au projet se disent "satisfaites du rapport". Cet avis consultatif pourrait peser fortement dans la décision finale prise par le préfet.
"Les trois conditions pour déroger à la protection stricte des espèces ne sont pas respectées, ce qui fragilise grandement le projet et le rend inconcevable en l’état."
C'est en somme la conclusion rendue le 25 septembre dernier par le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) concernant l'implantation d'un site d'enfouissement de déchets sur la commune de Giuncaggio, dans la vallée du Tavignanu. Un projet contesté par les associations de défense de l'environnement depuis plusieurs années.
Dans son rapport, le CNPN - qui a un "rôle d’expertise technique et scientifique sur toutes les questions de biodiversité terrestre, aquatique et marine" - pointe une "absence de solution alternative satisfaisante, une nuisance aux populations des espèces à enjeux, ainsi qu'une sous-évaluation des impacts" sur certaines d'entre-elles.
Chargé de "rendre des avis consultatifs au Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires", l'instance "incite également à l'abandon du projet d'installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND) dans cette zone, et à la recherche d'un site alternatif plutôt dans le secteur ouest de l'île".
"Un avis de poids" pour les collectifs
Cet avis intervient dix mois après la décision du tribunal administratif de Bastia qui avait annulé une partie des prescriptions réglementaires environnementales fixées par le préfet de Haute-Corse concernant l'exploitation d'un futur centre d'enfouissement en bordure du Tavignanu.
Pour les associations opposées au projet porté par la société Oriente Environnement, le CNPN a émis "un avis de poids, synonyme de blocage pour l'implantation du centre", dixit U Levante.
"On ne peut que se réjouir de cet avis mais nous restons mobilisés, tempère Pascale Bona, membre du collectif Tavignanu Vivu. C'est une étape très importante. Nous sommes contents que le CNPN ait pris la mesure de toutes les contre-indications de ce projet. Pour l'instant, il n'y a ni autorisation, ni refus. C'est un avis consultatif, mais je pense qu'il va peser dans la décision finale qui sera prise par le préfet. Nous ne sommes pas surpris par les conclusions du CNPN. On l'avait surtout été par les décisons prises il y a quelques mois par le tribunal administratif."
Contactée, la société Oriente Environnement n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.